Le docteur John Markway, ayant longtemps cherché une véritable maison hantée, pense avoir trouvé ce qu’il lui faut avec Hill house, un immense manoir dont les propriétaires successifs sont tous morts dans des conditions particulières.
Il fait venir avec lui plusieurs assistants, qui ont déjà vécu des expériences paranormales, qu’ils le sachent ou non.
Si l’une des femmes, Theodora, a des pouvoirs psychiques, une autre, Nell, très réservée et peu confiante, refoule son propre vécu surnaturel, qui semble avoir été un traumatisme pour elle. Si elle rejoint le groupe, c’est uniquement parce qu’elle voit là l’occasion d’échapper à sa vie morne, ayant jusqu’alors vécu sous la coupe d’une mère tyrannique. Je me demande si Nell n’a pas inspiré celui de Carrie, de Stephen King (ce qui est le prénom de sa sœur, d’ailleurs), surtout qu’elle a aussi pour point commun d’avoir connu une pluie inexpliquée de pierres sur sa maison. Et quand on sait que King a écrit le premier jet du remake de The haunting, la boucle est bouclée.
Et le dernier assistant est en fait le neveu de la propriétaire, qui compte hériter de Hill House, mais ne croit pas du tout au surnaturel.


La maison a été construite de telle façon qu’aucune pièce n’ait un angle vraiment droit, et les portes sont désaxées pour se refermer toutes seules, de sorte à déstabiliser les visiteurs.
L’idée est de faire de Hill House une entité vivante, et pendant un temps le film arrive à instaurer une bonne ambiance glaçante, grâce à sa musique étrange et inquiétante, le pouvoir de suggestion du jeu des acteurs, et les effets de mise en scène. La réalisation est un peu désuète mais ça fait son charme, et Robert Wise a de très belles idées de cadrages, qui ont une dimension esthétique tout en donnant un aspect imposant à la demeure : quand Nell dit se sentir comme dans le ventre d’un monstre gigantesque, la caméra se déplace en contre-plongée, de sorte que le plafond écrase le personnage.
Mais The haunting ne s’appuie finalement que sur des effets très simples : de subtils jeux d’ombres, des bruitages, des coups de vent, … ça marche au début, mais ça m’a ensuite laissé indifférent, à défaut d’avoir une réelle gradation.


The haunting met du temps à démarrer, et reste très lent même après les premiers évènements bizarres. Et on se demande alors où on veut nous mener, tandis que les personnages se baladent dans le manoir, blaguent puis se tapent sur les nerfs, sans qu’il ne se passe grand chose de concret.
Le point de vue sur le surnaturel avancé par Markway est intriguant : il estime que ce n’est pas quelque chose qui peut nous faire du mal, ce qui nous nuit, c’est la peur engendrée par ce qu’on ne comprend pas. Et tant qu’on ne comprendra pas ces phénomènes, on en restera effrayé irrationnellement, juste parce que c’est quelque chose d’inconnu pour nous. Markway assimile ça à la crainte d’antan à l’idée que la Terre puisse être ronde.
Je comprends que le film cherche donc à faire durer l’ambivalence des phénomènes paranormaux tout du long, mais ça a fini par m’ennuyer.
Par ailleurs, on voit que The haunting est l’adaptation d’un bouquin, étant donné la voix-off beaucoup trop présente. Elle a son utilité, mais s’attarde parfois sur des pensées superflues.
J’ai été pas mal déçu par la fin également, on reste toujours dans la même ambigüité, qui n’apporte pas une vraie impression de conclusion pour moi. Hill House garde ses secrets, aussi bien pour les personnages que pour les spectateurs.

Fry3000
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le 10 janv. 2017

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Wykydtron IV

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