Le 70ème Festival de Cannes abrite déjà de sérieux prétendants au Prix de mise en scène. Jupiter’s Moon en fait partie, et l’indéchiffrabilité du fond en perdra certains, mais on ne peut que s’incliner devant la forme.


Lauréat du prix Un Certain Regard en 2014 pour White God, Kornél Mundruczó revient sur la Croisette, cette fois-ci en Compétition, avec un film encore plus solide. Il nous confirme son appétence pour les enjeux de la société qu’il traite en mêlant le métaphore au réel. Dans White God, le maître de représentation Dieu pour son chien, lui-même allégorie pour toutes les minorités. Dans Jupiter’s Moon, celui qui se prend pour Dieu est médecin dans un camp de réfugiés syriens en Hongrie, jusqu’à ce que l’un d’entre eux se montre capable d’effectuer des miracles.


Kornél Mundruczó souhaite clairement parler du traitement réservé par son pays – et plus, l’Europe, terre de renouveau – aux réfugiés. Le titre, Jupiter’s Moon, rappelle d’ailleurs Europa, satellite de la grande rouge supposément capable d’abriter la vie. Une scène de poursuite électrisante (comme celles qui la suivront) amorce le sujet d’entrée de jeu, avec la clé de nombreuses victimes. Les survivants sont à la merci du bon vouloir de l’accepter de faire passer, moyennant argent. L’autre versant de son propos, sur une figure christique venue redonner aux gens le cœur de lever à nouveau les yeux vers le ciel, est plus obscur, mais fortement inspiré.


Au-delà de son message, Jupiter’s Moon recèle des trésors de mise en scène. Chaque scène de lévitation, en particulier, est un petit bijou qu’on aimerait admirer un peu plus longtemps, et qui ferait presque oublier quelques lenteurs par ailleurs. Kornél Mundruczó nous étonne de plus en plus, et appartient avoir trouvé son style.

Filmosaure
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Vus au 70è Festival de Cannes (2017)

Créée

le 19 mai 2017

Critique lue 621 fois

3 j'aime

1 commentaire

Filmosaure

Écrit par

Critique lue 621 fois

3
1

D'autres avis sur La Lune de Jupiter

La Lune de Jupiter
Behind_the_Mask
8

Musul-man, une nouvelle race de super héros ?

˗ Suivant ! Le numéro 363 ! Alors, voyons voir... Costume réglementaire, OK. ˗ Avec une cape. ˗ Avec une cape ? Et alors ? ˗ Et alors, la mienne, je l'ai développée moi-même et elle ne se coince pas...

le 11 nov. 2017

27 j'aime

3

La Lune de Jupiter
Sergent_Pepper
6

I relieve, I can fly

« Les gens ont oublié de lever les yeux. On vit horizontalement, dans les réseaux » : cette jolie métaphore sur la société contemporaine appelle de ses vœux le point de départ surnaturel du nouveau...

le 15 nov. 2017

26 j'aime

1

La Lune de Jupiter
stebbins
7

Vertical Unlimit

Kornél Mundruczo avait d'ores et déjà fait preuve de ses qualités et de ses ambitions dans le superbe et très réussi White God ; il nous livre avec La Lune de Jupiter un film dense, jamais très loin...

le 22 nov. 2017

9 j'aime

2

Du même critique

Boule & Bill
Filmosaure
1

Boule débile

Que ceux qui déclaraient d’emblée, sans même avoir vu le film, que l’on massacrait leur enfance à la scie sauteuse, se rassurent : ils avaient raison. Nous passerons outre le débat sur la médiocrité...

le 1 mars 2013

111 j'aime

51

Only God Forgives
Filmosaure
5

Critique de Only God Forgives par Filmosaure

Comme pour dissiper une confusion existant depuis le succès de Drive auprès du grand public, Nicolas Winding Refn revient avec Only God Forgives, un exercice hautement stylistique qui relève plus du...

le 22 mai 2013

86 j'aime

13

L'Odyssée de Pi
Filmosaure
9

Prière cinématographique

Ang Lee nous a montré au cours d’une filmographie hétérogène qu’il était capable du meilleur comme, si ce n’est du pire, tout au moins du médiocre (oui toi Hulk, je te regarde). L’on tend à retenir...

le 4 déc. 2012

74 j'aime

10