D'un point de vue purement cinématographique, la loi du marché est nul. La mise en scène est inexistante. En gros, une caméra à l'épaule sur un axe fixe qui balaye la scène de gauche à droite en lieu et place de l'habituel champ/contre-champ. Le montage est basique, les lumières sont naturelles et les acteurs ne jouent pas vraiment vue que d'après ce que j'ai pu lire, ils incarnent leur propre métier. Mais toute cette absence de superflue donne au film un cachet documentaire qui sied plutôt bien à ce qui fait le seul intérêt du film. Son regard politique.
D'un point de vue politique, c'est un film que je rêverai de montrer à bon nombre de personnes crachant impunément sur ce qu'il est commun d'appeler "les assistés". La loi du marché montre avec réalisme et froideur la détresse de ces gens soumis au dures lois de la rentabilité. On ne parle pas ici du SDF qui sent la villageoise et le tabac froid que voue enjambez tous les matins sur le pas de votre porte. Non, dans ce film on montre la petite misère. Celle qui ne se voit pas et qu'on ne veut pas voir. La classe moyenne déchu. Le petit papi qui vole de la viande au supermarché. La caissière qui récupère les bons de réductions des clients. Le chômeur de 50 berges, obligé de vendre son mobile-home et d'accepter n'importe quel job pour pouvoir payer des études à son fils.
Mais aussi tous ces petits rapports de forces qui s'installent entre les individus qui sont autant de mini-humiliation à subir. Ces connard qui vous parlent avec ce putain de ton paternaliste pendant que vous baissez les yeux. On a tous déjà vécu ça. Demander un crédit à son banquier. Passer un entretien d'embauche. Se faire engueuler par son patron. Bref, la loi du marché parle de toutes ces petites choses banalisés dans la vie quotidienne qui me donnent une furieuse envie de foutre un CD de Stupeflip dans l'auto-radio de ma Clio 2, de pousser le volume à fond et d'écouter le morceau "A bas la hiérarchie" pour aller péter le postérieur de mon supérieur et scier la direction de sa caisse de fonction. En voici d'ailleurs quelques vers :
C'est ça bosse, bosse, bosse, coco !
Écrase toi et met ton orgueil au porte manteau
Tout le monde y pense, tout le monde oublie !!
Personne se barre, tout le monde subit !!
Alors tu bosses quinze plombes sur un macintosh
C'est moche
Y'a le boss qu'est vénère comme un bosch
Il te crache dessus, tu stress c'est l'angoisse
Mais tu continues
Parce qu'il t'faut d'la caillasse
C'est le biz' qui prime
Et ça t fout la déprime
PS : il est important aussi de noter la performance de Vincent Lindon, décidemment très doué pour jouer les mecs normaux avec des prénom genre "Thierry" ou "Philippe". A noter aussi certaines scènes inutilement longue qui n'ajoutent pas grand chose au récit. Genre le plan séquence de 2 minutes sur le cours de rock & roll de Thierry, c'était peut-être pas necessaire...