Sous des airs de thriller, le film parle de police, de prison, de justice, d’un point de vue analytique, précis, glaçant. Des hordes de toxicos hirsutes jusqu’au gros bonnet, il opère une coupe verticale dans la fourmilière du trafic, en décrit les mécanismes et interroge les raisons de chacun, le cul de sac de la répression, le désastre commun. Ce n’est pas un thriller, c’est du Foucault.
Les acteurs sont impressionnants, la réalisation virtuose. Et si le film peine à susciter l’émotion c’est qu’il est trop grave, trop vrai. La description est précise, complète, implacable. On ne nous épargne rien, pas d’ellipse, pas de poésie, à part le petit gymnaste à la fin, gracieux et insouciant.
Je sors du cinéma Louxor, boulevard Barbès, nous sommes en août mais il fait froid. Plombé par la réalité sans appel du film. Je regarde la rue sale, les mecs paumés, les flics en maraude... Nous ne sommes pas à Téhéran, mais est-ce si différent de ce que je viens de voir? Encore sous le choc du film, sa proximité, son universalité me frappent.
Paris, Téhéran ou São Paulo... le crack et l’injustice hélas sont sans frontières.