Du grand, très grand cinéma, voilà qui est peu dire… tragique, émouvant, bouleversant, grandiose ; les adjectifs mélioratifs ne manquent pas pour qualifier cette œuvre à la fois historique et cinématographique, et qui sous la direction du célèbre Steven Spielberg, qui nous offrait là probablement son meilleur film en tous points, nous prend littéralement aux tripes en nous donnant une leçon d’histoire aussi horrifiante qu’humaniste…
Certes, au premier abord, on pouvait se demander comment un tel sujet dédié à la Shoah et au fameux personnage de Schindler, sous couvert d’un zeste d’intrigue romancée, éviterait le piège du traitement maladroit, surtout au gré d’environ trois heures de visionnage.
Pourtant, en se laissant tenter, on se rend vite compte que La Liste de Schindler ne fera aucun faux pas, tout en se révélant passionnant : en effet ce long-métrage, présenté sensiblement sous la forme d’un documentaire (impression accrue avec l’utilisation quasi-unique du noir et blanc, choix qui se révèle d’ailleurs judicieux en la matière), s’avère derechef profondément captivant, sentiment qui n’aura de cesse d’aller crescendo au point de ne pas voir le temps passer…
En ce sens on peut donc noter que l’histoire happe avec un brio fou, et que le mystère autour du décidément ambigu Oscar Schindler attise notre curiosité de la meilleure des manière ; celui-ci confère d’autant plus d’intérêt au film, au travers d’apports scénaristiques nous offrant une vision presque inédite d’une des périodes les plus sombres qu’ait connu l’humanité (permettant par là même occasion de transcender son penchant documentariste) ; le personnage a par ailleurs et d’autant plus le bénéfice d’une interprétation sans faille du grand Liam Neeson (un oscar n’aurait pas été immérité), qui apporte à son rôle une prestance incroyable…
La réalisation est elle aussi parfaite, et même si le film incarne un modèle de sobriété dans sa mise en scène (en exceptant ce visuel tant saisissant), bon nombre d’entre elles brillent d’une tension dramatique impressionnante, sans jamais tomber dans l’excès ; la musique est quant à elle somptueuse, aussi ne peut-on que féliciter le travail de John Williams.
Enfin, il convient de rendre hommage à un casting ni plus ni moins incroyable, car si Liam Neeson incarne avec brio une figure de proue excellente, que dire des performances respectives de Ben Kingsley, émouvant à souhait, et Ralph Fiennes, tristement efficace dans le rôle du terrifiant Amon Goet ? Bravo, rien de moins !
En bref, on peut résumer le film comme étant prenant du début à la fin, La Liste de Schindler réalisant la prouesse de nous décrire toute l’inhumanité de la Shoah tout en dressant le portrait d’une homme inoubliable, modèle d’humanisme tout en étant sujet à controverse, Oskar Schindler, celui qui a « sauvé le monde entier »...
Chapeau bas donc, un chef d’œuvre intemporel.
