Le trouble mental de l'humanité

Je n’avais encore jamais vu ce film, et je dois dire que je n’en avais aucune envie. Les films de guerre, et particulièrement ceux sur les massacres génocidaires me cassent le moral (c'est normal, vous allez me dire). Je suis trop sensible pour ne pas vivre ces films de manière empathique et viscérale, c'est une épreuve. Du coup ce n’est pas le genre de film que je privilégie en dépit de leurs bénéfices pédagogiques et même de leurs travaux de mémoire honorable et indispensable. Le problème, maintenant, c’est qu’il va me falloir une semaine pour digérer ce que j’ai vu. La Liste de Schindler est un film puissant, extrêmement triste, parfois choquant dans les images, dans les épisodes choisis, psychologiquement intenses… on en ressort en se demandant comment les hommes ont pu être aussi cruels, et le simple mot guerre ne justifie pas tout. Le film parvient à mettre plusieurs vérités en lumières, le fait que des hommes rependent l'enfer sur terre, car de manière arbitraire, ethnique, ils occupent un camp ou l'autre, et vivent les événements dans un manque absolu de discernement, c'est tellement terrible, comment la raison peut-elle comprendre cela? Le sort des juifs relève de l’horreur, de l’enfer qui est en nous. Ce n'est ni politique, ni la guerre, qui justifient de telles agissements (de groupe qui plus est, que dis-je de nations entières), c'est la monstruosité que l'on retrouve chez l'humain, et qui prend parfois le dessus sur l'intelligence et sur l'amour de manière absurde.

Alors je ne vais pas faire une analyse du film poussé, et pour une fois je ne vais pas me documenter, je vais seulement parler de ce que j’ai ressenti pendant le visionnage de cet immense chef d'oeuvre. Au départ, lors de la première demi-heure, je ne comprenais pas bien où le film voulait en venir, je savais en substance que j’allais assister à un épisode de Purge des Juifs, mais le film semblais nous présenter les victimes d’un côté, et les nazis de l’autre, de manière très documentée, d’une certaine manière, je me suis dit, ça va être affreusement difficile, pompeux et sordide. Puis le personnage d'Oskar Schindler révèle sa véritable personnalité, un industriel qui se gave de la situation, en se procurant une main d’œuvre pratique, tout en offrant à ces derniers un havre d’espoir et de sécurité, et l'on comprend assez vite qu'il va connaitre une remise en question, l'éveil d'une conscience, ou simplement ne plus réussir à un moment donné à fermer les yeux sur le massacre. L’homme devient malgré lui une sorte de philanthrope, entouré par une meute de fous ayant perdu tout libre arbitre et toute volonté. Ce monde centenaire est à peine croyable, et pourtant…

J’ai été bouleversé. Ce film de Steven Spielberg est tellement puissant. Le dénouement est sublime. Les acteurs sont incroyables. Liam Nesson et Ben Kingsley m’ont arraché le cœur. Ralph Fiennes semble incarner le diable en personne, terrible comme rôle (Olala, mais c’est Voldemort en plus, je viens juste de capter), superbe acteur. L’ambiance, la musique, les décors, le rendu en noir et blanc, tout nous plonge dans la tristesse, il n'y a aucune branche à laquelle se raccrocher. Mais surtout, tout est terriblement efficace dans cette production qui nous prend aux tripes. Le film nous livre un message, il témoigne d’une époque, de la barbarie de l’homme. Il nous demande de ne pas répéter les erreurs du passé, il nous apprend la liberté, de manière cruelle, et crue.

Je ressors de ce film un peu explosé, l’âme déchirée. C’était dur, mais j’ai trouvé le résultat nécessaire. C’est un très grand film.