Une œuvre à Oskar
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Un film bien «problématique» que cette Liste de Schindler. On aimerait adhérer sans réserve. On est d'ailleurs souvent bouleversé, il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas y aller de sa petite larme...Mais on ressent en même temps un malaise indéfinissable, surtout avec le recul. J’ai toujours trouvé suspect les lois Gayssot et Taubira, qui imposent une lecture officielle de l’histoire. Je trouve également malsain cette aura sacrée unique mis autour du génocide juif par les Nazis, la frontière entre la mémoire et la mythification quasi-religieuse devenant de plus en plus floue concernant la Shoah, parfois au détriment de la mémoire historique. A ce titre, que l’on s’appelle Wajda, Spielberg, Benigni ou Tartempion, il est légitime de tourner des films sur cette catastrophe universelle, n’en déplaise à certains gardiens autoproclamés du temple (rien de personnel Claude).
Ceci étant posé, la liste de Schindler, parce qu’on sent que Spielberg y a mis tout son cœur, regorge de maladresses, est polluée par des scènes "entertainment" hollywoodiennes... De « belles images », esthétisantes – la robe rouge, les bougies, … assez gênantes. Nul besoin de mythifier la Shoah, mais de là à s’en servir pour faire de belles images (même si ce n’est pas la raison motivante du film) … Je ne dis pas qu’il fallait filmer dans un austère climat recueilli en 16 mm, mais un peu de retenu dans le côté artistique n’aurait pas été superflu. Par ailleurs le film est assez démonstratif et assène de l’émotion à coup de marteau. Pire, la faute de goût, impardonnable : ce suspens et ce gros plan sur les douches. Limite honteux, mais j'y vois plus là encore une maladresse américaine...Un européen n'aurait jamais tourné cette scène. En revanche, dans une scène, sobre, a contrario de la quasi-totalité du film, Spielberg réussit à décrire toute l’horreur du nazisme : Ralph Fiennes sort sur le balcon, débraillé, mal rasé, s’étire, baille, prend une carabine, et juste comme ça, parce qu’il en a envie, abat un déporté complètement au hasard. Dommage qu’à ce genre de séquences, juste et poignante par sa simplicité profonde, Spielberg ait globalement préféré la démonstration à la truelle. Un film évidemment à voir, mais à prendre avec du recul et des pincettes.
Créée
le 17 févr. 2017
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