2 jours, 2 films. Les moissons du ciel hier, La ligne rouge aujourd’hui.

Hier, j’étais admiratif, aujourd’hui je le suis toujours. Admiratif devant cette façon qu’a Terrence Malick de filmer la nature, d’embellir le moindre animal, le crocodile, l’iguane, la chauve-souris, d’embellir ce qui n’est même pas conscient, les feuilles, les hautes herbes, les bambous… Malick recrée entièrement de sublimes paysages grâce à son talent et à un choix des environnements véritablement judicieux. Monsieur sait aussi filmer ce qu’il y a de plus banal, filmer le silence et la lenteur accompagnant un jeu de regards parce que oui, cette œuvre n’est pas qu’un film de guerre où les soldats se contentent canarder l’ennemi sans état d’âme. Dans ce film, « la guerre empoisonne l’âme », la guerre fait peur.

Mais pas n’importe quelle peur, non. La peur du soldat, la terreur, l’effroi, le blanc des yeux qui s’agrandit, les tremblements, la désorientation jusqu’à la tétanisation. C’est de cette peur là dont il est question, cette peur viscérale, physique, incontrôlable et qui peut malheureusement coûter très cher. Celle qui prend le soldat avant le débarquement, allongé sur sa couchette à se morfondre en silence, jetant de temps en temps un coup d’œil par le hublot afin d’apprécier la distance qui se trouve entre sa personne et son cauchemar.

Le soldat a aussi une famille, une femme qui s’ennuie probablement de lui, une femme avec qui il a tant de souvenirs. Il se rend compte de l’importance de la vie humaine après avoir ôté celle d’un autre, qu’a-t-il fait ? Pourquoi a-t-il tué ce pauvre Jap’ ? C’est l’ennemi certes, mais l’ennemi a une famille, une femme qui s’ennuie probablement de lui, une femme avec qui il a tant de souvenirs. Toute cette approche morale du soldat ramenée à l’univers difficile qu’est la guerre dans une hiérarchie militaire frustrante rend un portrait complet du soldat.

Le tout est accompagné d’une BO excellente avec une mention spéciale pour l’invasion du village. A ne pas manquer !
Deleuze
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le 29 mai 2013

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