Cela faisait une vingtaine d'années qu'on attendait le retour de Terrence Malick, auteur de "seulement" deux films entrés auxquels à peu près tous les qualificatifs élogieux ont été accolés (La Balade Sauvage et les Moissons du Ciel). C'est dire si son retour était attendu, d'autant plus qu'apparemment, toute la crème d'Hollywood semblait vouloir être de la partie. Voici donc sa nouvelle oeuvre, La Ligne Rouge, film sur la guerre et non pas film de guerre, notez bien la nuance. Car ici, ce qui intéresse au plus près le penseur Malick, c'est l'humain avant tout et la nature, qu'il magnifie comme personne. Nous nous retrouvons durant la seconde guerre mondiale, alors que les troupes américaine s'apprêtent à livrer la bataille du Guadalcanal.
Beaucoup d'entre eux, ou plutôt de leurs voix, hantent tout le film, nous livrant leurs questionnement ou plus simplement leurs âmes. De Nick Nolte, Lieutenant Colonel Storm, soucieux d'avoir "sa" guerre, à Sean Penn, sergent-chef désabusé, en passant par Elias Koteas et d'autres, différentes facettes de l'homme face à l'horreur et les excès. Dire que ce nouveau film de Terrence Malick est une magnifique oeuvre paraît réducteur; il s'agit tout simplement d'une oeuvre d'art d'une rare beauté. Rarement poésie, réflexion et émotion ont été mariées avec autant de brio au cinéma.
Sûrement conscients de la chance de travailler avec un auteur aussi grand, les acteurs livrent tous des performances incroyables. On est pas près d'oublier Jim Caviezel, sorte d'ange humain au regard hypnotisant, ou les crises de colère d'un Nick Nolte monumental, ou bien encore la tristesse et l'humanité qu'arrivent à faire transparaître Elias Koteas sans oublier Sean Penn et son personnage cherchant à retrouver quelque chose en quoi croire. Même Hans Zimmer saisit l'opportunité de livrer une nouvelle composition inoubliable. L'un des films majeurs de la fin du premier millénaire.