Bon. Je ne découvre que maintenant, à mon désarroi, l'illustre talent de Malick. Mieux vaut tard que jamais paraît-il.


La ligne rouge n'est pas un film. C'est une odyssée parsemée de quiétude et de tourments. Une expérience unique sortant des travers traditionnels de la guerre, et parmi tout ça, une ode à l'humanité.


Il serait grossier, tout au plus indélicat de dire que Malick représente bien la Nature. La caméra dans la Ligne Rouge en capture l'essence même. Du cinéma panthéiste. La Nature comme Tout. Les plans qui se succèdent donnent au spectateur la sensation unique de ne jamais pouvoir se rassasier devant cette beauté cosmique qui lui est offerte.


Au milieu de ce Tout, des hommes. Des hommes simples, humbles, tous liés par la fraternité et par le destin funeste qui les attend. Car la guerre n'épargne personne. Les premiers plans sur l'arrivée des soldats en bateau dans la jungle nous le montrent bien. Tout y est pour nous en faire ressentir l'horreur indicible dans un cocktail explosif qui jaillit et perce nos entrailles : métronome d'une musique de fond angoissante, regards plongés dans le vide, et l'on voit notre vie qui défile, au rythme même de la marche funèbre des soldats qui pénètrent dans le chaos luxuriant


Les premiers coups de feu. Chacun y cherche son salut. Un salut métaphysique vivifié par cette voix-off qui par-delà les apparences physiques nous plonge dans le psyché de ces êtres. À quoi se raccrocher alors ? Aux croyances divines ? Au jugement dernier ? Au souvenir d'une étreinte amoureuse ? Au parfum de la Nature ? Le constat est sans appel : la Guerre fauche tout. Elle ne laisse derrière elle que le reflet de la destruction et de la perdition sous la mélodie d'un intense requiem.


Faut-il parler des acteurs et de leur performance ? Jim Caviezel en apparition divine, arpentant la fourmillière bellique d'une inexpression presque rassurante. Nick Nolte en colonel impitoyable et tonitruant. Sean Penn en sergent-chef désabusé, lassé des conventions militaires, d'une justesse incroyable. Les acteurs secondaires apportent leur pierre à l'édifice avec une humanité foudroyante chez les japonais dépravés qui efface la froideur de leur tirs.


Faut-il parler du son ? Hans Zimmer qu'on ne présente plus vient sublimer ce tableau d'or avec une bande sonore qui se calque parfaitement aux plans successifs.


Que dire de plus ?


La ligne rouge, c'est du chef d'oeuvre.


La ligne rouge, c'est 10 pour moi.


Incontestablement.

Pripiat
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le 5 mars 2019

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Pripiat

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