Si Shyamalan a toujours plus ou moins développé la thématique de la croyance dans sa filmographie, jamais elle n'est apparue avec autant de clarté, au point de provoquer un rejet brutal tant elle se voit traiter sans un emballage narratif brossant le spectateur dans le sens du poil.


Dans La Jeune Fille de l'eau apparait une spiritualité universelle extrêmement primitive, souvent brouillonne, mais toujours résolument sincère. Une conception qui traverse les cultures et se retrouve nécessairement morcelée et enfouie en chacun de nous. Tous sont conduits à une quête introspective participant à la recherche collective de la Vérité. Celle qui guérira les âmes et fera avancer l'humanité. L'histoire racontée est aussi belle que simple.


Dès ses premières scènes d'exposition, Shyamalan met l'accent sur la déconstruction de stéréotypes qu'il tente ironiquement d'amorcer via le regard froid et analytique du critique. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est le seul personnage qui n'évoluera pas, paralysé par son trop-plein de certitudes. La connaissance et la sagesse humaine ne seront jamais des alliés propices la progression mystique. Seule l'écoute déploiera réellement toute sa puissance. Le duo entre la mère et la fille asiatiques illustre d'ailleurs assez bien le rapport science/spiritualité que le film revendique. La reconnaissance des limites de l'un étant la condition sine qua non de l'accès à l'autre. Le retour à l'état de l'enfance joue évidemment un rôle central dans ce cheminement, donnant lieu à des scènes où le sérieux du propos rejoint le comique de la mise en scène.


Le tout premier dialogue entre les deux principaux protagonistes est assez révélateur. L'extrême écoute de la Jeune Fille désarçonne Cleveland, trop habitué dans sa routine d'un quotidien ne laissant quasi aucun espace pour l'intériorité. Une routine qu'il a lui-même recherchée pour ne plus se confronter au mal-être qui le ronge. L'idée d'un miroir rendant visible le Mal qui s'immisce dans son dos est de ce fait extrêmement symbolique. Ce même Cleveland la remerciera de tout son cœur pour avoir mis en lumière la profondeur de son être. En l'assumant et en l'extériorisant, il retrouvera la confiance/foi et pourra enfin se confronter au Mal en le regardant droit dans les yeux.


"Il y a une morale, on ne vous dit jamais qui vous êtes". C'est exact. Dans ce film, l'impulsion de la foi est individuelle, mais son état de maturité passe par le soutien mutuel de toute une communauté qui, ensemble, confirmera le rôle de chacun et révélera toute son importance. La considération du groupe effacera chacun des doutes des individus qui la composent. Chaque angle mort qui les empêche de se révéler à eux même. C'est le pouvoir du collectif qui renferme l'outil réflexif permettant de toucher la Vérité. L'humain résolument tourné...vers l'humain...(toute la limite de cette mysticité).

GigaHeartz
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le 2 août 2017

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