Vu à de très nombreuses reprises étant gamin, je ne m’étais pas replongé dans ce classique depuis des lustres. Force est de constater que le résultat traverse plutôt bien les années. Bien entendu, les séquences les plus cultes et les plus drôles sont restées tellement ancrées dans les mémoires qu’elles ne surprennent plus autant et qu’elles ne font plus autant rire mais elles font partie intégrante du patrimoine culturel de notre cinéma. Le duo Bourvil – de Funès est un régal et l’opposition entre les deux n’est pas aussi marquée que dans mon souvenir. Leurs personnages ne sont pas si caricaturaux et leur relation est émaillée de moments surprenants qui enrichissent le jeu des deux acteurs (de Funès remontant, par exemple, le moral de Bourvil).


Le rythme, quant à lui, est particulièrement trépidant et bien mené. C’est une véritable comédie d’aventure, typique du cinéma de Gérard Oury. Cet exercice difficile, très américain, a souvent été imité en France mais rarement égalé même si la filmographie de Gérard Oury, certes plutôt inégale, en regorge. L’humour marque également par sa richesse. Très français (le côté Guignol, les quiproquos, le comique de mots), mais aussi très américain (le principe de la course-poursuite, le burlesque des citrouilles) et évidemment très anglais (avec ses trois parachutistes so British), il emporte tout sur son passage. Il est d’autant plus efficace que ses interprètes (et ses deux vedettes notamment) sont désopilants d’un bout à l’autre.


Bien entendu, le film ne manque pas de faiblesses. Le discours montrant des Français tous résistants (ce qui peut paraître étrange pour le personnage joué par de Funès), la bêtise des Boches (mais c’est le côté Guignol), une histoire qui semble s’achever en cours de route, des séquences trop téléphonées, des invraisemblances trop fortes par moments, mais c’est un film important. C’est un des premiers à explorer le contexte de la seconde Guerre Mondiale pour en rire. D’autres suivront sans jamais atteindre ce haut degré de pochade où, nous le savons bien, tous les petits Français n’étaient pas de braves Résistants et où tous les Boches n’étaient pas des imbéciles vociférant à tout bout de champ. Pour le coup, cependant, il est vraiment bon d’en rire.

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le 14 nov. 2021

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