Tellement de chose ont déjà été écrites que l'intérêt d'écrire une critique de plus se pose. Mais quelques plans quelques détails méritent à mon avis d'être soulignés car ils révèlent dès le début la qualité de l'histoire qui fait qu'on suivra les deux protagonistes sans se poser plus de questions.
Le discours de Louis de Funès à son orchestre qui commence par "c'était très bien" et finit (dans le même souffle) "c'était pas mauvais, c'était très mauvais".
La fuite des protagonistes en barque dans les égouts avec un chanteur d'opéra en tenue de Méphistophélès qui leur crie "que dieu vous garde" dans une ambiance dramatique (l'occupation et la répression allemande) qu'illustre un décor invoquant Gaston Leroux et Louis Feuillade une touche d'humour quasi invisible dédramatise la situation en activant un double ressort. Le costume du comédien rappelle dans un mécanisme de distanciation brechtienne qu'il s'agit d'une histoire racontée et la référence visuelle au diable qui s'oppose à celle de dieu dans le texte procède de la même logique d’adhésion empatique du spectateur et de distance par l'humour. Le plan suivant révèle toute la qualité du film. Stanislas Lefort / Louis de Funès jette dans l'eau sa perruque et sa baguette de chef d'orchestre et les regarde s'éloigner (on voit là tout ce qu'aurait pu être de Funès si, à l'intar de Bourvil avec le cercle rouge, il s'était essayé au registre dramatique) instant émouvant et symboliquement très fort dans une barque sur une rivière souterraine évoquant le Styx l'homme de spectacle le pantin grotesque abandonne son masque pour s'enfoncer en nous emportant avec lui vers le danger, l'inconnu et peut-être la mort.C'est fait à présent on va trembler pour lui et quand il nous fera rire ce sera de soulagement de voir qu'il échappe au danger.