Voilà un film qui pue tout de suite le tout numérique et le dépaysement sur fond vert. On est très loin, bien évidemment, des premiers films de Zhang Yimou, drames intimes ou fresques historiques chinoises avant la bascule progressive dans le grand spectacle mâtiné d’effets spéciaux. Ici, on est au bout du bout du cheminement avec cette coproduction sino-américaine. Côté Chinois, les décors, la fantaisie, l’ordre, les couleurs, la virtuosité, les combats spectaculaires, la morale. Côté Américain, les effets spéciaux, trois vedettes, les effets spéciaux, le pognon, les effets spéciaux. Au milieu de tout cela, le goût affirmé pour le « fantasy » et ses incidences épiques et guerrières.


Le début du film laisse craindre le pire, notamment lors de la première attaque des bestioles imaginées à cette occasion. Abus total d’effets spéciaux plutôt foireux, d’effets de mise en scène stupides (avec ralentis, bruits de métal, caméra incontrôlable), situations et personnages totalement invraisemblables qui laissent penser qu’on va assister à un vilain navet, genre téléfilms fantastiques fauchés et sans cervelle qui inondent certaines chaînes. Sans être une grande réussite, la suite se révèle plus convaincante. Disons qu’on réussit à sortir de cette impression d’être devant un jeu vidéo où il faut buter du monstre. Le scénario n’est pas un modèle d’originalité et de rigueur mais il évite certains poncifs et a la bonne idée de voir au-delà de sa grande muraille.


Le final est, certes, aussi kitsch que la première bataille avec des confrontations visuellement peu convaincantes et des effets spéciaux pas plus aboutis que ce qu’on trouvait dans les années 1990. Cependant, on finit, peu à peu, par se laisser porter par les quelques rebondissements qui font avancer l’intrigue et on parvient ainsi plus facilement à faire fi de ces approximations techniques qui se veulent pourtant tape-à-l’œil. On évite donc la catastrophe mais le résultat, s’il se révèle par moments distrayant, est quand même juste moyen. C’est trop régulièrement moche visuellement et vide en termes d’enjeux dramatiques pour espérer fracasser le plafond de verre.

Play-It-Again-Seb
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le 5 juin 2021

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