Il y a des productions qui, avant même de pointer le bout de leurs nez dans les salles obscures, attisent plus la crainte à leur sujet que les autres, que ce soit par la faiblesse de leurs productions houleuses, ou celle d'une campagne promotionnelle au mieux maladroite, au pire catastrophique.


Projet au long cours ayant connu aussi bien une valse de metteurs en scène que de comédiens-titres, pas aidé par une polémique du white washing au final illégitime et une distribution en salles chaotique d'Universal dans l'hexagone (la sortie du film est passée sans grand bruit, du 15 mars au 11 janvier); La Grande Muraille a tout du projet casse-gueule par excellente, au point qu'on lui prêterait avant même vision, une juméllité évidente avec l'incident industriel du moment, Assassin's Creed de Justin Kurzel.


Un comble quand on sait que le projet est signé par l'excellent Zhang Yimou, douloureusement absent de nos salles obscures depuis plus d'une décennie maintenant,.
Et pour son tant attendu retour, le papa de La Maison des Poignards Volants se prend lourdement les pieds dans le tapis rouge avec un blockbuster hivernal aussi moyennement divertissant qu'il est laborieux et peu inspiré scénaristiquement.


Simplifié et formaté à outrance pour mieux incarner un produit de consommation autant pour le public asiatique (le film est la plus grosse production de l'histoire du septième art chinois) que le public ricain, égrainant sur la longueur un pitch fantastique prétexte (des aventuriers occidentaux s'unissent à l'armée chinoise pour combattre, sur la Grande Muraille, des " monstres légendaires ") à l'issue prévisible; The Great Wall peine à capter le souffle épique des productions à grands spectacles de son metteur en scène, au sein d'une épopée bancale et ennuyeuse, boursoufflée aux CGI foireux et tronqué par une galerie de personnages caricaturaux et peu empathiques.


Si devant la caméra, Matt Damon, en pilote automatique (tout comme pour le récent Jason Bourne), domine un casting international mi-figue mi-raisin (on retiendra la partition amusée de Pedro Pascal, et celle, plus impliquée, de Tian Jing), en revanche derrière, Yimou s'évertue tant bien que mal à faire le job, avec une mise en scène haute en couleur.
Esthétiquement soigné (des décors aux costumes) et sublimé par quelques plans spectaculaires dont le cinéaste à le secret, le film offre même au spectateur, dans la plus pure tradition du wu xian pian, une belle brochette de batailles/combats rondement bien dirigés.


Maigre consolation tout de même, pour un blockbuster inabouti et formaté, qui ne devrait pas réellement faire grand bruit dans des salles obscures vibrant actuellement, au rythme séduisant de la course aux statuettes dorées 2017...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2017/01/critique-la-grande-muraille.html

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le 10 mars 2017

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