Quand on voit le titre et l’affiche, on sent déjà comme une gène: que vient faire l’étendard américain ambulant qu’est Matt Damon en tête d’affiche sur la grande muraille de Chine?
Pour comprendre les enjeux derrière la pancarte, il faut savoir que la production est américano chinoise et que le film représente la première poussée chinoise dans le cinéma blockbuster mondial.
On imagine qu’il y en aura bien d’autres à venir, et on frémit d’impatience à l’idée de voir la nouvelle tête du cinéma international dans quelques années.
Enfin impatience… ça va dépendre de ce qu’on nous proposera.


Parce que pour le moment c’est loin d’être gagné.


Le film s’ouvre sur quelque chose de très décevant: un plan numérique qui devait être classe dans l’imagination de celui qui l’a pondu mais qu’il n’a jamais réussi à réaliser: on survole le serpentage de la grande muraille sur plusieurs kilomètres, sans doute pour être impressionné par l’ampleur de son architecture.
Sauf que c’est l’effet inverse qui se produit: on est inquiété par le rendu dégueulasse du passage, et on se demande si la boite qui produit les effets spéciaux ne s’est pas trompée en livrant les images avant de les avoir achevées. Le rendu est affreux et n’augure rien de bon pour la suite.


Pour se débarrasser de l’histoire réelle, on nous annonce d’entrée de jeu qu’on va pouvoir suivre une des nombreuses légendes de la grande muraille.. Le message est clair: laissez l’histoire avec l’ouvreuse du cinéma: au placard.
Et à vrai dire à part l’existence du mur et sa localisation il ne faudra rien chercher d’autre à rapprocher de la réalité dans le film. Même les personnages ne semblent pas exister.


Effectivement, l’histoire est une légende, et tente de créer des ponts entre l’occident et l’Asie: Matt Damon et son pote Oberyn Martell (impossible de me souvenir du nom du personnage ou du nom de l’acteur) cherchent à découvrir le secret de la poudre à canon, et se retrouvent prisonniers du mur. Là Oberyn est heureux, il n’a jamais eu l’occasion d’aller sur le mur dans Game of Thrones.
Coup de bol, Il se trouve que Matt est un archer accompli, et aussi un excellent danseur puisqu’avec son pote ils se livrent à des chorégraphies dignes de kamel Ouali. Autant dire que les locaux en prennent plein les mirettes.
C’est à dire qu’ils ne le connaissent pas encore le soldat Ryan les chinois, ils ne savent pas qu’il a même fait la 2ème guerre mondiale avant d’aller se perdre sur Mars avec sa mémoire qui lui colle à la peau.


Sur le mur, on découvre la meilleure partie du film: l’armée chinoise, sa myriade de soldats, et son organisation hyper lisible: chaque corps adopte une couleur particulière, rappelant les biomans. C’est too much mais on pourrait adhérer, si on avait quelques décennies de moins.
Cette fois-ci les femmes ne sont pas en rose mais en bleu, et on a jugé bon de donner un poste fort à la grande chef des blue girls.
Là dessus on peut reconnaître que cette place centrale d’une femme est assez inattendue d’autant qu’elle sera le seul personnage asiatique qu’on retiendra, les autres n’étant là que pour la figuration.
Cette figure féminine centrale est le seul bon point du film.


Ne cherchez aucune approche psychologique des personnages parce qu’ils ne sont rien d’autre qu’un belle image pour habiter les décors modélisés en studio.


Pour le reste, qui dit légende dit surnaturel, et on a envie de croire que la grande muraille sert à protéger l’humanité contre on ne sait quelle abomination surnaturelle.
Le divertissement n’est pas si mauvais mais on est loin de ce qu’il promettait, et la première superproduction chinoise aurait mérité mieux.

iori
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le 25 janv. 2017

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