Infertile et puérile non-idylle d'un cinéphile juvénile

Avoir la quarantaine est décidément une expérience curieuse.
Rassurez-vous, je ne reviendrai pas ici sur ses effets sentimentaux ou sexuels, communément dénommés "crise de la quarantaine", de ce côté-là je le vis plutôt bien, merci.
Et puis bon, on parle assez de soi ici comme ça, non mais !


Par contre côté contemplation des arts, cette décennie particulière est l'occasion de singuliers raccourcis, retours en arrière loufoques et étranges bifurcations.
Après avoir réécouté méthodiquement et pour la première fois mes amours hard-rockeuses adolescentes (hum..!), voilà qu'à présent je régresse encore d'un cran vers mes premières émotions juvéniles. Sauf que, et c'est là où les choses diffèrent singulièrement de la musique, ici mon penchant me pousse vers ce que je détestais petit.


Et je me rends compte désormais à quel point j'étais alors complètement dans le faux.


Enfant, je détestais les films d'aventure des années 50 pour plein de mauvaises raisons.
Parce qu'ils étaient déjà vieux. Parce qu'ils étaient flashy. Parce que la musique était emphatique. Parce que les amours étaient exacerbées. Et parce que les voix et le jeu des acteurs étaient insupportables.


Alors que je m'apprête à présent à devenir boulimique de ces mêmes films, je me rends compte que ces arguments ne tiennent absolument pas la route.


Vieux ? Et alors ? Voilà bien l'ultime tarte à la crème que l'on me balance à la figure quand je propose ou encense un film pré 70 autour de moi (collègues de boulots, famille). Si c'est l'occasion de voir de bonnes histoires bien racontées avec le soucis du détail (voir en ce sens le très bon argumentaire du Torpy dont cette critique se fait l'écho, je ne vois pas ce qui peut se trouver de rédhibitoire là-dedans.


Flashy ? Non monsieur. On appelle ça un superbe technicolor.


Musique emphatique ? C'est peut-être le point sur lequel mon contre argumentaire se trouvera le moins vif. Il est vrai que le style des années 40-50 est un poil uniforme à mon goût et qu'il est difficile, parfois, d'extraire ou mettre en exergue un thème plutôt qu'un autre. Cela dit, je compte sur certains d'entre vous ici, pour me prouver le contraire.


Amours exacerbées ? Ben y avait un truc, gamin que j'avais pas encore totalement capté. C'est la plastique avantageuse de la plupart des héroïnes. J'ai dû les voir pour la plupart dans une période pré-hormonale, c'est pas possible autrement. Vous conviendrez avec moi que balayer 100 ans de cinéma possède au moins cet avantage indéniable: on assiste à un catalogue des plus jolies filles de la planète à travers les âges. Tout ce que Hollywood et autres centres de production de rêve de la planète a compté en actrices superbes défile devant notre regard hagard.
Du coup, oui, les amours de l'héroïne devient vachement plus passionnantes.


Les voix et le jeu des acteurs insupportables ? En fait j'avais pas encore saisi toute l'horreur du doublage en général, et celui de cette période maudite (de ce point de vue) en particulier. Ce qui se pratiquait en matière de titres donne une petite idée de la façon dont les plus belles performances de l'époque pouvaient être massacrées.


Bref.


Ce "flibustière" du merveilleux Jacques Tourneur entre pile-poil dans mon manifeste anti-"raisons qui me faisaient détester ces fils enfants".


Le sens merveilleux du détail, c'est quand le bateau de la capitaine pirate doit allez "caréner" c'est à dire trouver un mouillage à l'abri des regard pour que l'équipage puisse enlever les coquillages accumulés sur la coque, afin de pouvoir retrouver de la vitesse.
L'amour qui emporte tout, c'est celui que porte la même capitaine la divine miaaam-que-te-croquerais-le-bout-du-nez-toi Jean Peters (dont il faut absolument que je voie tous les films dès tout de suite) pour un traître ténébreux (Louis Jourdan) contre vents et marées. Ou comment aller jusqu'au bout de cet amour quand on se rend compte qu'il ne peut mener qu'à l'impasse, voire la mort.


C'est du superbe film de pirate, y a Barbe-noire, des combats au canon, de l'abordage sauvage, de l'île déserte et de la recherche de trésor, mais le tout combiné de la plus admirable des façons.


Je sais, j'ai encore été trop long. Ne retenez qu'une chose: embarquez pour l'aventure, la vraie.

guyness

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