
Jacques Tourneur, dans Anne of the indies, filme son héroïne, incarnée par une incandescente Jean Peters, comme le Sheba Queen, son flamboyant navire : voile contre le vent, envers et contre tout, et tous, qui sème le chaos, chante et danse un opéra comme Wagner dirigeait une walkirie. D'un feu divin. Qui fulmine, prête à déclencher les enfers. Le poignet sûr prompt à dégainer son épée, et sa volonté de fer, pour ici contrarier les plus grands rapaces et coucous de la planète (de grands visionnaires aussi donc). Surtout l'oeil ancré dans un horizon azuré, incarné ici par un bellâtre, dont l'horizon est ailleurs. Un oeil frondeur qui peut déclencher une tempête mais aussi voir l'infini que peut offrir un amour fou, même non partagé, même s'il n'est pas le sien, un horizon plus fort que la mort.