Vsevolod Poudovkine profite du tournoi international d'échecs qu'accueille Moscou en cette année 1925 pour montrer la place importante que tient le jeu dans la vie du peuple russe. Dès ses premières scènes, le film donne le ton : garçons comme filles, vieillards comme enfants, bélitres comme nantis, tous ont à la main leur petit échiquier en carton et reportent sur leur grille les différents coups joués en simultanée par les Grands Maîtres attablés devant eux. La fièvre des échecs s'est emparé de la Russie et le cœur de Moscou bat au rythme des pendules décomptant le temps de réflexion alloué à chaque joueur. Les chemises, les mendiants, les chaussettes, les mouchoirs, les pharmaciens, même les aveugles vibrent au son des échecs. Les fraudeurs interpelés par la police se plaisent également à jouer quelques coups avec leur geôlier.

Notre héros, un jeune homme de modeste condition, n'échappe pas à la règle ; les poches de sa veste et de son pantalon regorgent d'échiquiers et pièces miniatures, de grille de jeu et de problèmes échiquéens. Au grand dam de sa fiancée qui porte en horreur le fameux jeu de stratégie et qui voit sa place dans le cœur de son cher et tendre s'amenuiser au profit de celle des échecs. C'en est trop! Aussi, quand elle lui pose un ultimatum, le pauvre bougre n'y vois rien d'autre qu'une énième stratégie de mater son roi. Pourtant le litige est consommé et notre amateur d'échec est à deux doigts de la perdre...

Could love be stronger than chess? s'évertue à nous interroger le film? On croit savoir, parce que c'est évident, que la réponse est oui. Aussi pense-t-on la réconciliation sur de bons railles quand notre héros abandonne toute sa panoplie de jeu d'échec dans la Volga et se précipite pour rejoindre sa bien-aimée. Mais c'était sans compter la prédisposition génétique du peuple russe pour les échecs et la légèreté des films d'antan. Car la réponse là voilà : dans le cœur quadrillé des moscovites la reine Amour va de paire avec le roi Échec.
blig
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le 14 déc. 2014

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