C'est à ma grande incompréhension que je vois que La Fièvre dans le Sang n'a que 450 notes !


A l'image de certains chefs d'oeuvres méconnus, La Fièvre dans le sang est une oeuvre pourtant magistrale sur l'Amérique des années 20/30, au travers d'une histoire d'amour entre Bud fils d'un riche pétrolier et Deanie, ravissante jeune fille de milieu modeste interprété par Natalie Wood extraordinaire de justesse et de beauté.
Comme dans A l'Est d'Eden, Elia Kazan interroge la société américaine dans ce qu'elle est de plus puritaine, traditionaliste. En terme de lutte de classe aussi. Bud aime Deanie, Deanie aime Bud mais leur culture, leur famille ne viennent pas du même monde. Deanie doit être pure, pudique alors que Bud doit être dur et à Yale.


Dans un film en deux temps, Elia Kazan arrive à dresser un portrait de la société américaine. En montrant en première partie les espérances d'une jeunesse, un amour plein d'eau fraîche et bien loin des problèmes malgré la réticences de Bud père. Ce père détruit une nouvelle fois une relation et provoque un déchaînement de turbulences dans la vie de Deanie. Son amour n'est plus, dans ce qu'il y a de plus injuste, elle se retrouve seule, inutile, invisible au point de devenir folle. Montrant toute cette relative descente aux enfers d'une fille quoi de plus normal, Elia Kazan montre une société en pleine mutation où jeunesse et tradition entre en conflit. Où la jeunesse n'a plus les mêmes espérances qu'une société trop puritaine, trop figée. Comme l'avait fait La Fureur de Vivre avec James Dean, La Fièvre dans le Sang propose le même style de point de vue avec une fin beaucoup moins tragique mais un message qui est sensiblement le même.


Interprétée de nouveau par l'excellente Natalie Wood qui démontre encore toute sa justesse et sa beauté, Elia Kazan délivre certainement son meilleur rôle a cette demoiselle pleine de talent. Une interprétation toute en sensibilité et en intimité avec ce sourire charmeur et ce regard tant aguicheur que mélancolique.


Un chef d'oeuvre bien trop méconnu d'Elia Kazan qui démontre une nouvelle fois tout son talent avec une réalisation efficace et toujours bien sentie avec des plans durs et sensuels. A la fois critique et sensible, La Fièvre dans le sang mérite une bien plus grande reconnaissance !

Halifax

Écrit par

Critique lue 405 fois

4

D'autres avis sur La Fièvre dans le sang

La Fièvre dans le sang
Mr_Jones
9

Magistral !

Elia Kazan est un des rares réalisateurs qui traitent avec autant de force et de justesse des rapports humains. Ici, le thème principal sont les pulsions sexuelles adolescentes. L'histoire se passant...

le 9 juil. 2011

27 j'aime

3

La Fièvre dans le sang
Sergent_Pepper
9

Ce mature rejet du désir

On a coutume de situer la naissance de l’adolescence au cinéma avec La Fureur de vivre en 1955, où James Dean partageait l’affiche avec Nathalie Wood. La même année, il interprétait un autre écorché...

le 10 juil. 2019

26 j'aime

1

La Fièvre dans le sang
Ugly
7

la Splendeur dans l'herbe

J'étais persuadé que ce film était tiré d'un roman américain, mais il n'en est rien, c'est un scénario fort et complexe qui permet à Elia Kazan de signer un de ses plus beaux films. Bon d'accord,...

Par

le 29 oct. 2021

25 j'aime

11

Du même critique

1917
Halifax
9

Course contre la mort

France, 1917, une prairie. Première respiration et premier mouvement de caméra. A partir de maintenant et pendant presque 2h, cette caméra ne s’arrêtera plus de tourner, de monter, de descendre,...

le 8 janv. 2020

97 j'aime

7

Nous trois ou rien
Halifax
9

La pépite française de l'année !

ALLEZ-Y ! ALLEZ-Y !!!!!!! Pourtant, je pense qu'on a été beaucoup à se dire que "non, nous n'irons pas voir le film de Kheiron". Et pourtant... Ce n'est pas le film avec les meilleurs acteurs, ce...

le 7 nov. 2015

93 j'aime

5

Sicario
Halifax
7

Les dieux de la vengeance exercent en silence, traquant l'immoral au prix de la loi

Sicario c'est surement l'histoire d'une grosse attente et aussi d'un sentiment partagé lorsque l'écran s'est éteint. Partagé, très partagé même sur le coup. Sicario était plein de promesses, doté...

le 26 oct. 2015

68 j'aime

7