Au bal du quatorze juillet, nous irons danser

Je ne connaissais pas du tout ce film de Duvivier et je livre donc un avis à chaud.
D'abord, il y a une grande originalité dans ce film dont le scénario se construit au fur et à mesure par deux scénaristes qui vivent ensemble mais dont l'un est optimiste tandis que l'autre est résolument pessimiste. Il en ressort un film d'aventures très mélodramatique plein de rebondissements. Dès lors que le pessimiste a plongé l'héroïne dans une situation critique, l'optimiste reprend la scène en l'arrangeant de sorte à ce que la situation s'éclaircisse.
Le point de départ c'est Henriette (Dany Robin), née un 14 juillet, jour de la Ste Henriette (et non de la Fetnat comme on pourrait bêtement croire) (J'ai connu une situation encore moins enviable d'une dame prénommée Noelle et née un 25 décembre…). Bien.
Autour de Henriette, donc, tournent un photographe reporter Robert (Michel Roux), amoureux mais travailleur et fort occupé le 14 juillet, et Maurice (Michel Auclair), beau, séducteur, petit truand. Henriette attend Robert qui va travailler (enfin, ça dépend ce qu'on entend par travail) mais, la nature ayant horreur du vide, se laisse séduire par Maurice qui l'entraîne vers d'autres aventures, d'autres rêves. Avec nos deux scénaristes qui brodent l'histoire tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre.
Oui, mais qui sont donc ces deux scénaristes joués par Louis Seigner (l'optimiste) et Henri Crémieux (le pessimiste) ? Ne sont-ils pas les deux faces d'un même personnage nommé Julien Duvivier qui est toujours co-scénariste de ses films ?
Un Julien Duvivier qui se brocarde lui-même en citant le "petit monde de Don Camillo" (et aussi le "voleur de bicyclette", en principe pas de lui, mais peut-être n'ai-je pas compris la fine allusion).
Le film est plaisant et adopte une certaine originalité dans le ton. Tous les acteurs semblent s'amuser follement. Il y a d'ailleurs un casting assez impressionnant où tout le Gotha du spectacle de l'époque a dû être mobilisé.
A la fin, il y a une espèce de mise en abyme où le film qui n'existait pas au départ et dont le scénario a été péniblement établi pendant les cent vingt minutes de la durée du film, dans le but d'être la base d'un nouveau film, a en fait été déjà joué !
Bon, c'est un exercice de style qui est fort intéressant et subtil mais que je qualifierais de très brillant si seulement j'avais pu croire dans les personnages. Et c'est bien là mon problème, c'est qu'un film comme un roman d'ailleurs, c'est d'abord une évasion vers un monde qui n'est pas le mien et où je vais m'assimiler à un personnage imaginaire dont je ne me pose surtout pas la question de savoir comment il a été construit ou créé. Pour moi, le héros suffit qu'il soit.

JeanG55
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le 13 févr. 2021

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