Thriller bourgeois

Premier film de Claude Chabrol que je vois, je l'ai vu à l'occasion d'un cours sur le cinéma des 1960's où j'étais explosé et j'écris cette critique 4 jours après donc je manquerai sûrement un peu de précision.

Le film est un bon thriller que je considère fragmenté en 2 partie (lorsqu'on a vu le film l'événement qui le coupe en deux est évident).

Dans une première partie, il va s'attacher à rendre compte du millieu bourgeois et de la facticité des relations entre les personnes, à grand renfort d'un étalonnage extrêment marqué et anti-naturaliste dans l'habitation du couple. Cette partie est sympathique mais avec mon mal de tête j'ai ressenti un rythme assez lent et j'ai eu du mal à véritablement rentrer dedans.

La seconde partie, m'a fait revenir dans le film malgré ma fatigue grâce au jeu d'acteur assez impressionnant de Michel Bouquet quand le film passe du portrait de la vie creuse des bourgeois à une sorte de polar-thriller avec une forte empreinte Hitchcokienne (nottament dans une référence précise à Psychose (1960)) qui a su beaucoup me plaire, bien que je ne sois pas forcément un adorateur d'Hitchcock (tout en ne niant pas son apport au cinéma par ses expérimentations et la qualité de certains de ses films).

C'est véritablement cette seconde partie qui m'est restée en mémoire parce qu'elle contenait à la fois des élements de tension forte et un aspect comique de malaise qui accentue le pathétique de son personnage principal. Ce personnage, bien que montré pendant près d'une heure comme extrêmmement plat, ridicule et assez mauvais, finit par avoir ma sympathie à la fois par le point de vue identificatoire sur un personnage sombre qui nous met de son côté (ce qui est déjà présent dans M (1931) de Fritz Lang et dans Psychose (1960) d'Alfred Hitchcock) mais aussi par le côté trouble de ses motivations amoureuses qui font d'abord penser à de la simple possessivité.

Cependant, au regard de sa situation pathétique et du final du film, (dans un travelling arrière tout à fait génial qui l'éloigne et lui cache l'objet de son amour tout en étant conforté dans la réciprocité de leurs sentiments) ses actions apparaissent plutôt comme une véritable déclaration d'amour qui par son caractère purement amoral et assez violent rompt avec la monotonie et la fausseté de leur situation familiale bourgeoise ce qui va finalement lui permettre d'être véritablement proche de l'objet de son désir (on voit cela dans le dernier dialogue qu'il a avec sa femme où le "je t'aime" des deux est beaucoup plus sincère que lorsqu'il quémandait son affection en lui demandant "est-ce que tu m'aimes ?" en début de film).