Sans l'avoir revu depuis quelques années, je me souviens de l'Arnaqueur de Robert Rossen, son duel Paul Newman-George C. Scott, son ambiance film noir et la quête existentialiste du personnage. Difficile de s'imaginer une suite à un tel film. Et pourtant, La couleur de l'argent existe bel et bien.

Heureusement, c'est Scorsese aux commandes. Bien qu'à l'époque il traversait une sérieuse crise professionnelle, il restait un cinéaste solide et en qui on pouvait avoir confiance. Verdict ici ?

L'intelligence du film est de ne pas être justement une suite directe de The Hustler. Ce serait plutôt une remise à niveau, un peu comme Scorsese avec sa carrière. La gloire, la chute aux enfers, et maintenant la remontée à effectuer. Eddie Felson-Martin Scorsese, même combat.

Côté scénario, rien de bien fascinant : un vieux de la vieille qui se projette dans un jeunot prometteur et décide de revenir dans la course. Du déjà vu, d'autant que le film l'explique en long et en large dans des bavardages parfois inutiles. Sentant la limite de son scénario hollywoodien trop calibré grand public, Scorsese fait mine de rien et s'amuse avec sa caméra, joue les virtuoses et montre que lui aussi, malgré sa situation, est encore dans le coup. La couleur de l'argent, c'est un peu La dame de Shanghai de Scorsese.

Au-delà de quelques plans surprenants, il y a tout de même quelque chose de consistant à se mettre sous la dent : un casting 4 étoiles. D'abord les seconds rôles qui deviendront fameux, John Turturro et Forest Withaker. Ensuite Tom Cruise, fraîchement starifié à l'époque, qui bouscule l'immense Paul Newman, tout simplement bluffant dans ce rôle qui lui vaudra (enfin) son Oscar du Meilleur acteur mérité depuis des décennies.

L'idéal serait de rattacher ce film à la biographie de Scorsese pour bien saisir ses enjeux : au-delà du divertissement virtuose, peu personnel mais tout de même, Scorsese jouait les Eddie Felson, superposant presque sa voix à celle du personnage quant à la fin du film il dit « me revoilà ! ». C'est là tout l'essentiel de ce divertissement eighties de bonne facture.
Cinemaniaque
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de Martin Scorsese

Créée

le 25 sept. 2010

Critique lue 440 fois

7 j'aime

2 commentaires

Cinemaniaque

Écrit par

Critique lue 440 fois

7
2

D'autres avis sur La Couleur de l'argent

La Couleur de l'argent
Sparfell
6

Oui. En trois bandes.

The color of Money n'est peut être pas un "grand" film de Scorsese mais il mérite le détour pour diverses choses. La première : le sujet finement détourné. Scorsese devait en fait réaliser la suite...

le 29 mars 2013

17 j'aime

La Couleur de l'argent
Truman-
6

Critique de La Couleur de l'argent par Truman-

A l'heure ou j'écris cette critique je n'ai pas vu tout les films de Scorsese mais celui ci est indéniablement le moins bon que j'ai pu voir . Pourtant y'a bien Scorsese aux commandes, il y a bien un...

le 31 déc. 2013

11 j'aime

5

La Couleur de l'argent
Le_Prophète
3

L'arnaque.

Si La Couleur de l'Argent n'est pas le plus mauvais Scorsese, c'est bien grâce à Gangs Of New York. Déjà, oublions tout point commun ou rapport avec l'Arnaqueur, qui lui était un bon film. Ici,...

le 18 janv. 2013

8 j'aime

Du même critique

Frankenweenie
Cinemaniaque
8

Critique de Frankenweenie par Cinemaniaque

Je l'avoue volontiers, depuis 2005, je n'ai pas été le dernier à uriner sur le cadavre de plus en plus pourrissant du défunt génie de Tim Burton. Il faut dire qu'avec ses derniers films (surtout...

le 21 oct. 2012

53 j'aime

2

American Idiot
Cinemaniaque
7

Critique de American Idiot par Cinemaniaque

Il est amusant de voir comment, aujourd'hui, cet album est renié par toute une génération (et pas seulement sur SC)... À qui la faute ? À un refus de la génération née début 90 de revendiquer les...

le 13 janv. 2012

50 j'aime

3

Hiroshima mon amour
Cinemaniaque
4

Critique de Hiroshima mon amour par Cinemaniaque

Difficile d'être juste avec ce film : il faudrait pour pouvoir l'apprécier être dans le contexte socio-culturel de sa sortie, ce qui est impossible à reproduire aujourd'hui. Je distingue relativement...

le 4 juin 2011

49 j'aime

1