Jeux de pouvoir à l'université

Je pensais que ce serait un film sur la radicalisation d'étudiants par les Frères Musulmans à l'université Al-Hazar. Or c'est plus complexe que cela.

Egypte, les années Moubarak. Le recteur de l'université Al-Hazar meurt, c'est un poste à vie qui inquiète le pouvoir, car depuis sa fondation au Xe siècle, l'université est toujours restée indépendante du pouvoir politique. Un agent des services de sécurité, et à travers lui le pouvoir militaro-séculier, veut influer sur le choix du candidat.

C'est un film qui m'a intéressé à plusieurs égards. D'abord parce qu'il m'a replongé dans l'atmosphère de mes années étudiantes, même si c'est dans un décor fort différent de ce lui de la Sorbonne. C'est fascinant de voir ces jeunes étudiants aux toques blanches et rouges s'assembler en rond autour d'un prêcheur debout au milieu de cette belle cour à arcades. Le dortoir surtout, avec ces lits métalliques superposés dans lesquels les étudiants dorment dans la promiscuité. Il y a aussi des éléments plus familiers : la bibliothèque universitaire et ses rangées de rayonnage, les amitiés entre jeunes gens venus d'un peu partout, la photocopieuse, et ces vieux mandarins dont la stature intellectuelle cache parfois une certaine médiocrité personnelle.

Le film est dur, pas tant par ses scènes de violence, assez courtes, que parce que c'est au fonds un film d'espionnage. L'intrigue rappelle ces romans de John le Carré où un individu infiltre un milieu hostile tout en se demandant s'il travaille pour les bonnes personnes. Le personnage de l'officier instructeur est fort bien campé.

Au niveau formel, c'est assez académique, il y a peu d'audaces qui ne soient déjà présentes dans la bande-annonce. On est sur du solide.

Reste une question, au sujet de laquelle j'ai ma petite idée : ce film est-il un commentaire sur l'Egypte actuelle, où al-Sissi a remplacé Moubarak ? M'est avis que oui.

La conspiration du Caire n'est pas un simple film sur l'islamisme, mais un film d'espionnage qui renvoie dos à dos des islamistes radicaux et une police politique très cynique.