Désolé de devenir le méchant de service dans le versus, mais je n'ai guère pris de plaisir en voyant ce film.
Ça commence fort avec la traque d'une poule dans les rues brésiliennes (métaphore subtile!) filmée de manière pénible jusqu'à aboutir à un flashforward lors d'un Mexican stand-off (au moins les réalisateurs ont vu Pulp Fiction et je peux faire mon malin avec mes termes techniques).
Après lors du segment des années 60, la réalisation est mieux maîtrisée, et on peut espérer un bon film. Mais c'est sans compter sur un narrateur omniscient sans qu'on sache parfois comment (par exemple quand découvre-t-il qui est l'assassin de son grand frère?), et surtout la scène ou le petit Zé massacre les habitants de l'hôtel. Les réalisateurs ont pensé donner au spectateur un sentiment d'effroi, alors que c'est surtout l'incrédulité devant cette énormité qui domine, sentiment renforcé par l'arme du jeune homme qui est un 6-coups! (Mystérieusement le scénario ne développe pas la capacité de ce personnage à recharger paranormalement ses armes).
Cette partie du film se finit sur un futur classique du film : lorsqu'un personnage meurt devant sa copine, même le narrateur omniscient ne t'explique pas ce que la fille devient plus tard après qu'on la voit chialer. Tout le monde s'en fout royalement!

Après durant la période des années 70, il y a le tic des jeunes réalisateurs (que j'espère ne pas reproduire) : copier le côté "cool" des classiques de leur jeunesse (en général les Tarantino), c'est-à-dire faire des scènes chocs et spectaculaires avec un max d'effets, parce que c'est cool, et sans voir leur pertinence dans l'histoire qu'ils sont censés mettre en boîte. L'expérimentation visuelle devient de plus en plus atroce (caméra parkinsonienne, montage avec 4 plans par seconde, lumière vacillante, ...), avec des scènes d'actions de plus en plus illisibles. Des flashbacks s'enchaînent de manière anarchique. Au contraire d'un Pulp Fiction ou tout cela restait sobre ou d'un Tueurs nés ou les délires visuelles montraient toute la folie de la société décadente, rien de tout cela ne paraît pertinent. Je ne voulais pas d'un truc documentaire, mais encore moins d'un truc expérimental spectaculaire. Il y a un double échec : je n'apprécie pas le film, et je ne crois pas à cette vision des favelas ou par exemple il n'y a pas de maffia organisée (la drogue pousse sur les murs de la favela?)
Sinon il faut compter avec de grands moments de bravoure que les réalisateurs ont dû trouvé excellents en fumant des oinjs mais qui sont contre-productifs. Par exemple le gamin au motel ou encore un truc encore plus gros.
Dans un des gangs, un gamin veut s'engager pour "venger [s]on père", mais un membre ne veut pas de lui car il sait que c'est un gamin qui travaille et qui peut s'en sortir. A la fin, on découvre avec un énième flashback qu'en fait c'est ce gangster que le gamin veut et va abattre car celui-ci a tué son père vigile lors d'un braquage. Donc, le truand est capable de reconnaître un gamin car celui-ci travaille mais pas car il a été témoin du meurtre de son père. Cette séquence doit être montrée à tous les délinquants à la mémoire sélective, pour leur en montrer les dangers...

Ce film grotesque a quand même quelques qualités : une jolie photographie à admirer quand les réalisateurs ne pètent pas trop les plombs, un casting correct dans l'ensemble, Alice Braga et quelques scènes qui font illusion. C'est fort peu pour un film aussi surestimé à mon goût.

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le 25 janv. 2014

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Jibest

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