Après le malicieux et irrévérencieux documenteur Le challat de Tunis, la cinéaste Kaouther Ben Hania frappe très fort avec La belle et la meute, fiction inspirée de faits réels. Un drame tourné entièrement en plan séquences, accablant et étouffant où l'on ne quitte pas Mariam d'une semelle, une femme victime ballotée, harcelée, méprisée, menacée. Son crime ? Elle est coupable d'avoir été violée et de vouloir porter plainte, ce qui pourrait jusqu'à ébranler la société tunisienne (dixit un policier). Sans jamais dévoiler la réalité atroce de l'acte, la réalisatrice tunisienne montre ses suites et le cauchemar que vit Mariam, dans un récit qui emprunte parfois aux codes du film d'horreur. La place de la femme dans une société régie par des lois masculines et des comportements machistes est au coeur de ce film sans concession (démonstratif diront certains, ce qui est contestable mais même si, pour une fois c'est une qualité) mais aussi plus largement les droits fondamentaux des citoyens bafoués par un système toujours archaïque, malgré le passage de la révolution. Une façon de dire aussi que le combat continue pour la liberté,l'égalité et le respect de l'être humain. Il y a du travail à faire et ce n'est évidemment pas valable uniquement en Tunisie.