La Belle et la Bête
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La Belle et la Bête

Long-métrage d'animation de Gary Trousdale et Kirk Wise (1991)

Refusant de céder aux avances de Gaston, un rustre aussi beau que stupide, Belle ne s’est jamais sentie à sa place au village, préférant se réfugier dans les livres. Lorsque son père disparaît, elle part à sa recherche sans tarder et le retrouve dans les cachots d’un sinistre château dirigé par une monstrueuse bête. S’offrant comme otage en échange de la libération de son père, Belle va toutefois découvrir que derrière la bête se cache en réalité un ancien homme victime d’un sortilège. Pour briser ce dernier, la bête doit tomber amoureux et recevoir un véritable amour en retour. Mais qui serait assez folle pour s’éprendre d’une bête ?


Projet abandonné par Walt Disney dans les années 1950, La Belle et la bête sommeillait dans les cartons des studios jusqu’à ce que le projet soit dépoussiéré 40 ans plus tard pour être mis entre les mains de Gary Trousdale et Kirk Wise. Premier film du duo, La Belle et la bête révèle deux des plus talentueux réalisateurs des studios aux grandes oreilles.
En effet, suivant l’exemple de Musker et Clements avec La Petite Sirène, Trousdale et Wise renouent avec le conte de fées qui fit le succès des premiers Disney. Malgré quelques soucis au niveau des proportions (dès que les personnages s’éloignent de la caméra), les graphismes sont d’une impressionnante beauté, et s’il leur manque le cachet du crayonné de la vieille époque, parviennent sans souci à faire rêver, d’autant qu’un travail phénoménal sur les couleurs et les jeux d’ombres parvient à pallier à un léger manque de profondeur du dessin.
Prenant place dans des décors somptueux créés par Lisa Keene et son équipe (malgré une utilisation de la synthèse intelligente mais parfois douteuse), La Belle et la bête nous offre un voyage enchanteur de la première à la dernière image, tout en nous attachant à des personnages très creusés. Si Gaston pourra paraître trop unilatéral dans son rôle de bellâtre orgueilleux, Belle convainc totalement, sa beauté physique n’ayant d’égale que la maturité du personnage, plus qu’appréciable dans un film destiné aux enfants (et qui change de l’inconscience d’Ariel dans La Petite Sirène, notamment). Une maturité acquise dès le début du film, qui n’empêchera toutefois pas une belle évolution de la jeune femme, animée par des dilemmes qui empruntent beaucoup à la tragédie classique, notamment lorsqu’il s’agira de choisir entre le sort de son père et celui de son amant. Cette évolution se retrouvera bien évidemment dans l’autre grande réussite du film, la bête, non seulement visuellement impressionnante, mais psychologiquement très bien écrite.
Malgré un rapprochement trop rapide entre Belle et la bête, le scénario prend en effet le temps de donner une épaisseur louable à ses personnages, ce qui est sans doute dû au fait que, pour une fois, le scénario a été écrit intégralement avant la réalisation du film. Ainsi, le scénario supervisé par Linda Woolverton fait constamment mouche, et son sens du timing parfait bannit tout temps morts, l’enchaînement des différentes péripéties se faisant avec une fluidité de tous les instants. Cette fluidité est aussi permise par les merveilleuses chansons d’Alan Menken et Howard Ashman, musicalement splendide, et qui, toutes, servent l’intrigue et la font avancer au lieu de la figer pendant 3 minutes. Et même si Humains à nouveau alourdit le rythme en faisant s’enchaîner trois chansons presque d’affilée, chaque mélodie est si mémorable qu’on n’en veut guère au compositeur d’avoir frôlé l’overdose. Surtout que chaque chanson ne fait que rehausser la profondeur d’un film qui aborde des thématiques étonnamment matures, la relation entre Belle et la bête s’épargnant presque la mièvrerie habituelle sur l’amour, préférant se concentrer sur le lien entre deux âmes torturées, l’apparence de la bête empêchant d’appuyer l’amour sur une simple attirance physique.
En outre, la mise en exergue de Gaston et de la bête permet là aussi d’introduire une réflexion que les réalisateurs pousseront bien plus loin dans leur merveilleux Bossu de Notre-Dame, sur la monstruosité et l’humanité, nous rappelant que l’une et l’autre ne sont parfois que des apparences qui cachent une réalité bien différente. Disney n’étant pas Dreamworks, la leçon est délivrée avec intelligence, ce qui n’est jamais un luxe. Mais comme on est bien chez Disney, la maturité de l’ensemble reste allégée par un humour toujours bienvenu, par le biais des personnages inventés que sont les objets parlants, qui n’en finissent pas de faire rire, et que les scénaristes ont eu la bonne idée de multiplier, empêchant le spectateur d’être lassé par un personnage en particulier.
C’est cet équilibre permanent qui permet à La Belle et la bête d’être la merveille qu’elle est encore aujourd’hui, en condensant en un seul film tout ce qui fait la magie des studios Disney. Un magnifique condensé qui fait rire et pleurer, et qu’on ne pourra jamais se lasser de revoir !

Tonto
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le 4 juin 2018

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Tonto

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