Il ne faut pas vendre la peau de l'ours... non, il ne faut pas la vendre !

Le réalisateur Jean-Jacques Annaud finit avec "L’ours" de s’asseoir une solide réputation aux Etats-Unis. Avec ses presque 8 millions d’entrées contre 9 millions en France, le premier film animalier de Jean-Jacques Annaud est un immense succès. En le réalisant, il réalise son rêve de faire un film à la fois populaire et familial, tout en s’appuyant sur le roman "Le grizzly" de James Oliver Curwood, publié en 1916, et réédité à maintes reprises depuis.
Il nous envoie donc tout droit en Colombie britannique, province du Canada, alors qu’en réalité "L’ours" a été tourné à travers toute l’Europe : Italie et ses fameuses Dolomites, Allemagne, et Autriche. Peu importe l’endroit de l’action, car les ours étaient les maîtres des montagnes. D’ailleurs, nous verrons le premier humain qu’au bout du premier quart d’heure.
Le scénario est on ne peut plus simple, mais original, en donnant la plus belle part aux animaux, de quoi en faire pâlir d’envie (ou presque) les reporters animaliers.
Le casting humain a été vite complet (Tchéky Karyo et Jack Wallace, rejoints plus tard par André Lacombe).
Le casting animalier a été plus compliqué, car il a fallu quatre années de travail acharné de la part des dresseurs pour nous amener Bart, le gros ours mâle solitaire, qui doit partager la vedette avec l’ourson Youk pour qui il aura fallu une douzaine de doublures. Inutile de dire que question dialogues, nous n’avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent, mis à part les quelques mots venus matérialiser le mal personnifié par les deux chasseurs, Tom (Tchéky Karyo) en particulier. "L’ours", en plus d’être une adaptation, présente une chronique de la vie naturelle dans toute sa splendeur. Même si le film commence par un drame en voyant une ourse mourir par péché de gourmandise alors qu’elle nourrit son petit, nous ne pouvons qu’être charmés et remplis de compassion pour cet ourson désormais livré à lui-même, et qui va tâcher de se faire adopter par le premier congénère rencontré, sans savoir qu’il allait de nouveau se mettre en danger puisque l’animal choisi est traqué par des chasseurs avides de peaux. Sauf que si l’ours traqué est si énorme… ce n’est peut-être pas pour rien. Mais ce n'est pas le point de vue humain qui compte ici, le seul qui compte étant celui des animaux, car c’est de cela qu’il s’agit : le point de vue des animaux. Eux aussi sont pourvus d’intelligence.
Mais là où est la prouesse, c’est que les émotions traversent l’écran, tout le long du film. Même s'il peut être surprenant de voir un miracle dans la nature comme présenté ici, il faut savoir que ça existe, aussi invraisemblable soit-il. Alors le comportement des ours est-elle plus ou moins humanisée comme le prétendent certains ? peut-être que oui, peut-être que non. Qui sait vraiment ? Cette histoire a certes peu de chance de se passer vraiment. Mais comme je le disais à peine un peu plus haut, dame nature est capable de bien des miracles.
En tout cas "L’ours" est aussi une belle leçon d’humilité et de pardon. "L’ours" est un hymne aux êtres vivants, quels qu’ils soient, bipèdes, quadrupèdes, volatiles ou autres, un hymne qui nous laisse pantois et admiratifs devant le travail des dresseurs, que ce soit ceux des ours, du puma, et de bien d'autres.
Un seul regret, j’ai toujours trouvé les rêves et hallucinations de l’ourson très mal faits. J’estime qu’ils gâchent toute la beauté d’un film que la bande originale n’accompagne qu’à dose homéopathique, seulement pour renforcer les moments d’émotion les plus importants. Une œuvre intemporelle qui aura bien du mal à vieillir, et qui reste plus que jamais d'actualité avec la courageuse réintroduction des ours dans les Pyrénées.

Stephenballade
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le 6 avr. 2020

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