A Woman of Paris représente la première oeuvre où Charlie Chaplin ne se met pas en scène, et qui n'a pas pour ambition la comédie, comme en témoigne cette pancarte ouvrant le film où il précise qu'il ne jouera pas dedans.


Il met en scène une histoire plutôt triste où deux jeunes amoureux vont voir l'ambition de leurs parents empêcher cet amour, avant de se retrouver à Paris, dans des circonstances malheureuses. Si l'histoire peut paraître banale, elle est très bien traitée par Chaplin qui arrive à rendre son personnage principal intéressant et surtout très attachant, mettant en scène un triste portrait de femme dont l'évolution se fera au cœur du gratin parisien.


En peignant cette galerie de personnages, Chaplin évoque la recherche du temps perdu ainsi que la vie en général, tout en se livrant à une analyse et étude psychologique et sociale des mœurs, que ce soit à travers les parents ou ce riche amant , tandis qu'il décrit aussi la vie mondaine parisienne des années 1920. L'écriture est de qualité (tant pour les personnages que les péripéties), tandis qu'il va aussi s'intéresser à des thèmes tels le bonheur, la vengeance, le malheur ou encore le cynisme dans cette fable pessimiste et intelligente.


On notera aussi ces superbes notes de piano et, en général, une très bonne partition qui colle souvent bien au propos et permet de créer une atmosphère tandis que la photographie en noir et blanc est réussie et bien restaurée. Côté cinéma, le réalisateur des Lumières de la Ville montre toutes ses qualités, sa belle mise en scène est impeccable et sa maîtrise technique surprenante, que ce soit au niveau de l'utilisation du hors champs ou des jeux d'ombres et de lumières. Et enfin, au delà de cette intelligence dans les propos, il arrive à rendre son film touchant et poignant. Les interprétations sont très bonnes et en premier lieu Adolphe Menjou et Edna Purviance.


Chaplin réalise-là un film assez surprenant qui sera pourtant un gros échec commercial à sa sortie, ce qui l'incitera à reprendre assez vite son rôle de vagabonds et surtout à apparaître dans tous ses films et ce jusqu'à son dernier La comtesse de Hong-Kong. A Woman of Paris est pourtant une belle réussite où Chaplin montre qu'il peut s'essayer dans des registres purement dramatiques, ici réalisant une triste et intelligente étude des mœurs, qui se révèle touchante et intense.

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le 31 mars 2014

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Docteur_Jivago

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