Moins connu que Scarface ou Les Incorruptibles, L'impasse reste pourtant l'un des films les plus aboutis de Brian De Palma, pour ne pas dire son chef-d'oeuvre...
A peine sorti de prison, loué des meilleures intentions concernant sa réintégration sociale, Carlit se retrouve d’emblée embarqué malgré lui dans une histoire de crime qu'il a tout fait pour éviter. Il reprend possession de son club, une grosse boîte qui attire logiquement les convoitises de la pègre locale. Carlito fait ce qu’il peut pour résister à ses "anciennes activités". Tout de suite, on sent un effort vain, humain et touchant du personnage de Pacino à s'extirper du milieu, ...mais personne n’est libre d'en sortir comme il veut.

De Palma signe là un magnifique thriller, quintessence d’un genre « noir », doublé d’un conte moral. L’issue du film est connue d'avance puisque le film s'ouvre sur la mort de Carlito (comme dans Boulevard du Crépuscule). Mais peu importe, l'intérêt est de montrer comment le héros en est arrivé à ce "résultat". La gravité, la mélancolie et la tension qui règnent dans le film rappellent sans cesse l'issue fatale. Carlito résiste à son ancienne vie, criminelle, et y est sans cesse renvoyé pour des coups foireux, pour des associations de malfaiteurs, quand ce n’est pas pour lui proposer une offre pour acheter son club. Il a beau faire de son mieux, sa route paraît toute tracée, comme s’il ne pouvait maîtriser une vie qui semble tirée par des fils invisibles, évidence d’un dessein noir contre lequel il est vain de lutter. Il est sans cesse tiraillé entre ses errances criminelles, et une voie plus conformiste disons, celle du du droit chemin, incarné par sa relation avec une jeune femme.

La prestation d'Al Pacino est un peu plus sobre qu’à l’accoutumée, ce qui confère à son personnage une forme de gravité, quelque chose d'abscons, de noir ...presque dépressif. Son personnage est plaisant à regarder car plus sympathique et intelligent que celui qu’il interprète dans Scarface, sorti 10 ans plutôt. Le fond du film est cafardeux, la forme, comme toujours chez De Palma, est très aboutie, et rend compte d'une grande maîtrise et cohérence d'ensemble.

Super film policier, aussi divertissant qu’un et magistrale réflexion sur la difficulté à sortir du grand banditisme.

Du grand cinéma.

Nb : à voir, Viggo Mortensen (quasiment méconnu à l'époque) en criminel handicapé sur un fauteuil roulant. A voir aussi, la très belle perruque de Sean Penn, en avocat véreux, sournois et cupide.

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le 21 févr. 2013

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Errol 'Gardner

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