L'Île aux chiens
7.7
L'Île aux chiens

Long-métrage d'animation de Wes Anderson (2018)

Dernier bijou de l’imagination farfelue de Wes Anderson, l’Île aux Chiens suit l’histoire du jeune Atari qui part à la recherche de son chien Spots. Dans ce Japon fantaisiste et futuriste, une épidémie de grippe canine fait rage et conduit les autorités locales de la ville de Megasaki à décréter la déportation de tous les chiens sur l’île poubelle. Sur fond de complot politique, le jeune Atari, pupille du Maire de la ville, débarque sur l’île poubelle pour ramener spots. A son arrivée, il rencontre un groupe de cinq chiens, mené par Chief, un chien errant pas franchement convaincu que les hommes sont les meilleurs amis des canidés. Malgré des langues différentes – les humains parlent japonais et les chiens parlent anglais, avec des passages sur les « rumeurs de l’île poubelle » franchement savoureux – Atari et ses nouveaux compagnons partent en quête de Spots.


Wes Anderson livre une nouvelle fois un récit magnifique, tant sur le fond que sur la forme. Le rendu est très esthétique avec des images, des couleurs et des détails qui émerveillent. A la fois drôle et touchant, le film est aussi très politique. Outre le grand débat entre la team chiens et la team chats (qui domineront sans aucun doute le monde un jour), l’Île aux Chiens interroge sur l’altérité. La mise à l’écart des chiens rappelle certaines périodes de l’Histoire plus anciennes et plus actuelles. Face au rejet de l’autre, une résistance menée par la jeunesse s’organise. A l’image de Moonrise Kingdom, le courage, la rébellion et le refus de règles jugées injustes sont du côté de la jeunesse. Par ailleurs, le personnage du scientifique et l'aspect qu'il incarne sont intéressants de ce point de vue. Alors que rationnellement et objectivement (il existe un vaccin contre la grippe canine), il n'y a aucune raison de continuer à parquer les chiens, les citoyens et les pouvoirs locaux restent sur leur position, du côté de l'émotion au sens négatif du terme : une décision irréfléchie, primaire et dangereuse. D'ailleurs, les voix discordantes sont muselées et discréditées.
Mais l’île aux chiens c’est aussi une formidable histoire d’amitié entre le chien et l’homme dans laquelle les chiens sont les personnages principaux, dotés d’une personnalité propre, de rêves, d’attentes, d’obligations, parfois plus humains que les personnages humains eux-mêmes. Un concentré de moments touchants pendant lesquels on a sa larmichette et des moments drôles (les rumeurs!) qui font qu'on sort du film avec le sourire et plein d'espoir.
Bref, une vraie pépite qui a du chien !

camicroquette
9
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le 10 juin 2018

Critique lue 183 fois

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camicroquette

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