Visuellement stupéfiant et fourmillant de mille idées puisant leur inspiration un peu partout mais toujours là où il faut, Isle of Dogs est une nouvelle réussite de Wes Anderson. Un film engagé et éminemment politique d’une modernité folle sous une bonne couche de burlesque et de fantaisie qui , dans un même élan, en accentue la férocité et la poésie.
On a beau connaître l’animal depuis plus de 20 ans maintenant, on reste impressionné par sa inventivité et son talent d’équilibriste. Ici par exemple, il encourage sans se cacher la société à la révolte et à la désobéissance civique tout en l’enjoignant à ne pas s’asseoir sur son humanité et sa capacité d’empathie. Le tout sans jamais verser dans la tartignolerie ou le cynisme de bas étage, Wes Anderson ayant la force de l'aspect inoffensif que lui confère la haute conscience qu’il a de son apparente innocence.
Foisonnant de références intemporelles, aussi bien culturelles qu’esthétiques (le théâtre Kabuki, les estampes japonaises, George Meliès, le cinéma d’animation, etc.), cette fable politique maîtrisée de bout en bout regorge aussi de thèmes à la fois très actuels et éternels, du spécisme au racisme en passant par le déracinement des exilés, la corruption, le populisme ou la pollution.
Sans se départir de son humour ni de sa subtilité, Wes Anderson dépeint un monde violent et cruel sans abandonner son optimiste.