La cage aux dogues

Avis sur L'Île aux chiens

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Si Fantastic Mr. Fox attestait déjà de sa maîtrise de l’animation en volume, Isle of Dogs entérine pour de bon les talents de conteur hors-pair de Wes Anderson : son dernier film en date s’avère en ce sens être une formidable excursion au cœur d’un Japon alternatif débridé, dont les relents dystopiques habillent d’une bien belle manière une aventure confinant à l’émerveillement constant.

Le cadre de Megasaki, à la croisée de traditions ancestrales et d’enjeux politiques prédominants, s’attache rapidement notre intérêt au sortir d’une introduction confondante d’efficacité, Anderson faisant tout l’étalage de son talent d’une traite savoureuse : héritage historique intrigant, générique orchestral fascinant et contexte contemporain probant en attestant. Dès lors, la quête d’Atari nous ferre avec une aisance folle, et l’on se prend au jeu de ce tableau bigarré comme pas deux.

Avec du recul, le melting-pot référentiel donc use savamment Wes Anderson n’en apparaît que plus remarquable, celui-ci truffant son récit d’hommages sans jamais se départager de sa patte. À l’image de ce duel à la sauce western notamment, dont la brusque rupture de ton souligne fort bien une facétie des plus ingénieuses. Pour ne rien gâcher, le casting proprement luxueux laisse rêveur, quand bien même Bryan Cranston s’accaparerait les projecteurs au travers du revêche Chief : les Norton, Murray, Goldblum et Balaban composent dès lors des seconds-rôles de premier choix, parfaits ressorts comiques et contrepoids du suscité.

D’une manière général, Isle of Dogs laisse l’impression d’une mécanique on ne peut mieux huilée, le récit multipliant les points de vue et sous-intrigues avec un doigté incomparable, gage d’un divertissement captivant de bout en bout. Son enrobage formel abonde aussi dans le sens d’une pépite unique en son genre, car par-delà une plastique des plus aguicheuses la musique d’Alexandre n’est également pas en reste tant elle parachève sa palette d’atmosphères multicolore.

Le long-métrage se fait donc tantôt fable, tantôt voyage dépaysant, tantôt comédie poilante ayant tôt fait de retrouver tout son sérieux... quel enchantement ! S’il fallait néanmoins en nuancer la maestria, il conviendrait de relever quelques points éparses : le mutisme d’Atari, quelques ficelles notables ou encore le survol quasi-intégral des figures secondaires accroissant l’approche très « factuelle » d’une narration... trop bien calibrée ?

Mais qu’à cela ne tienne : il nous en faudrait plus pour bouder notre plaisir tant Isle of Dogs aura répondu à nos attentes. Son dénouement, quoique un chouïa précipité comme confus (revirement du Maire, jusqu’au-boutisme du major Domo ou deus ex machina geek etc.), est à ce titre sacrément enthousiasmant. Aussi, même si l’on pourra regretter que l’intrigue fasse fi de toute intervention féline, gageons que Wes Anderson en a encore beaucoup sous la pédale.

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