Il y a quelques mois de ça, je vous avais parlé d'un film intitulé Le Météore de la Nuit (voir la critique https://www.senscritique.com/film/le_meteore_de_la_nuit/critique/25964778 ), une histoire d'invasion alien bien vieillotte typique du cinéma fantastique des années 50. Le destin a fait en sorte que ce soir, samedi 18 février 2023, je regarde un autre film du même réalisateur. Et moi, qui m'attendais à un nanar de SF oubliable, j'ai presque été déçu par la qualité de ce que je viens de voir.


L'Homme qui rétrécit est donc un film sorti en 1957 et réalisé par Jack Arnold, célèbre réalisateur américain qui nous a offert des classiques du genre comme La Créature du Lagon Noir.

C'est l'histoire de Scott Carey, un Américain moyen qui passe ses vacances sur un bateau avec sa femme. Tout se passe pour le mieux jusqu'au moment où il entre en contact avec un mystéreux brouillard. Six mois après l'incident, il se rend compte qu'il rapetisse de plus en plus, perdant d'abord quelques centimètres, puis devenant haut comme un insecte.

Le film est divisé en deux parties, la première dans laquelle Carey rapetisse et essaie de trouver une solution, et la seconde qui est un survival à échelle réduite.


À première vue le film semble cliché et ridicule, avec ses nuages radioactifs et ses savants qui parlent de déstructuration moléculaire et autres conneries. Et pourtant, ce film est probablement l'une des meilleures productions de SF/fantastique des années cinquante !

Comme dit un peu plus haut, le récit est coupé en deux temps, deux parties assez différentes qui méritent toutes les deux d'être analysés.


La première partie est plus courte que la deuxième. On y voit Carey et sa femme s'inquiéter de plus en plus de la perte de taille de l'homme de maison, ce dernier atteignant bien vite la taille d'un enfant.

Cette partie ressemble un peu à ses émissions à la Tellement Vrai ou le protagoniste déprime sur sa condition de nain. Même si ce n'est pas hyper captivant, Arnold (et surtout l'histoire du roman d'origine) parvient à rendre ça plutôt intéressant. Carey se compare aux Freaks et aux monstres humains exhibés dans les foires, mais il retrouve un semblant d'espoir en discutant avec une femme naine. Tout ce passage dans le film est plus digne d'un drame que d'une histoire de SF, et même si il se retrouve balayé par la suite du métrage, il a son importance en rendant l'oeuvre plus profonde qu'un simple récit d'aventure surnaturel.


La seconde partie est la plus palpitante. C'est un survival prenant et créatif où le héros tente de survivre dans la cave de la maison. Combat contre un chat, escalade de caisse, inondation, dur dur d'être plus petit qu'une allumette !

Ce qui est génial avec cette partie du film, c'est de voir comment le réalisateur a transformé un univers aussi anodin et simple qu'une cave en un monde immense et hostile. C'est un peu comme Un Million d'Années avant J.C mais avec des crayons et des épingles. Et un chat à la place des dinosaures en plastique. Et je trouve ça incroyable.

C'est renforcé par la narration du protagoniste qui compare chaque lieu qu'il explore à des décors immenses, à la fois avec poésie et désespoir. Et ainsi, le spectateur perçoit le monde comme le perçoit, Carey, un monde danger permanent où l'objet le plus banal devient une arme ou un obstacle. Jack Arnold a réussi à retranscrire la sensation que l'on éprouve enfant, quand le salon devient un terrain de jeu propice à l'imagination.


Et là où ce film se démarque d'autres oeuvres de la même époque, c'est aussi avec sa fin. Pas de happy end ou de fin vraiment tragique, mais une fin ouverte qui est.......carrément majestueuse.

Carey contemple le ciel nocturne, accepte sa condition d'homme qui rétrécit, et comprend que malgré la taille et malgré sa manière de survivre, il reste un homme. Wow. Un film de SF de 1957 se fini dans un trip existentialiste avec un diapo sur des images de l'espace. C'est formidable !


Bref, L'Homme qui rétrécit est un super récit de science-fiction qui a une avalanche de qualités pour très peu de défauts. C'est original, super intelligent, audacieux, palpitant, les effets spéciaux sont presque parfaits, et rien que la fin vaut le coup d'oeil. Si comme moi vous êtes un affeccionados de vieilles productions fantastiques américaines, VOUS DEVEZ voir ce film !


Maintenant on n'a plus qu'à attendre le crossover avec la Femme de cinquante pieds.

Arthur-Dunwich
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le 18 févr. 2023

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