Subtil départ, qui de volutes en ombrées et transferts fait défiler sur fond de papier peint couleur sépia un générique composé de gens que l’on aime… Non moins exquis la manière de planter le décor. Succession de plans de paysages luxuriants, de maisons, d’intérieurs… La mise en bouche promet. On attend la suite. Les personnages arrivent, on nous les présente un peu à la manière d’un Pascal Thomas, les maris et les femmes d’abord, les amants viendront ensuite, enfin presque. Petite maison de vacances sur laquelle plane d’imperceptibles fêlures. Tous remarquent un voisin visiblement peu discret. Et hop il se trouve invité au premier barbecue familial. Arrive ce qui doit arriver, enfin au moins ce que l’on est censé trouver dans le titre.

A la limite pourquoi pas, c’est le genre d’histoire à faire se pâmer les ménagères de moins de 50 ans… Plus sérieusement, les histoires les plus simples où la passion se distille à grand renfort d’émotions pures, de mots simples, de gestes forts se révèlent souvent être de jolis films.

« L’homme de sa vie » en est à des années lumières. Zabou Breitman n’a de cesse d’inventer un style cinématographique qui entre symbolisme de bazar et surréalisme grotesque noie toute émotion. Fort du succès de son premier long, elle se défonce à ajouter dans sa mise en scène des idées aussi saugrenues que prétentieuses et oublie l’essentiel : le récit. Non pas l’homosexualité, mais tout simplement la déliquescence de la passion d’un couple.

Car si la photo est parfois sublime, les cadrages inventifs, c’est au détriment de la profondeur et de la crédibilité des personnages. Hugo, l’homo imbuvable joué par un Charles Berling, cabotin, théatreux, maniéré. Il vit l’espace de quelques jours une amitié homosexuée avec Frédéric (on a connu Campan plus inspiré) une espèce d’homme mollusque. Lui-même époux de Frédérique (pauvre Léa Drucker) qui a la consistance d’une éponge… Voilà le portrait sans retouche qu’elle nous offre ! Et ne parlons pas des seconds rôles inexistants sauf un beau-frère caricatural qui sous une allure de bon père de famille se révèle être un pervers…

« Il est temps de rallumer les étoiles », cette phrase apparaît très souvent en incruste dans le film (sans doute pour ne pas oublier le sujet du film ?). Dès la première fois on se dit non… il est temps de rallumer la salle… Mais rien n’y fait çà continue, on se dit alors qu’il faut se souvenir des belles choses (film émotionnellement magnifique lui), oublier ce triste intermède et attendre de Zabou Breitman plus de simplicité pour son troisième.
Fritz_Langueur
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le 11 sept. 2014

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Fritz Langueur

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