Ah... L'homme de Rio. Je ne compte pas le nombre de fois où je l'ai revu. Ce film est un peu mon compagnon de route personnel, quand j'y pense: depuis que j'ai 3 ans, depuis que j'ai compris comment on faisait tourner une cassette dans un magnétoscope, ça a toujours été un bonheur de mettre le film en route. Et aujourd'hui encore, je ne m'en lasse pas. Pire encore: le plaisir est décuplé à chaque redécouverte.

Alors, en gros, "L'homme de Rio", c'est l'histoire de Adrien Dufourquet, troisième escadrille, Besançon, qui se lance dans une course-poursuite à travers les continents pour rattraper Agnès, enlevée par les derniers représentants d'une civilisation disparue, pour qu'elle leur indique l'endroit où son père avait caché une statue d'une valeur inestimable, au Brésil. De ce postulat, De Broca crée un film d'aventures qui n'est pas sans rappeler les aventures de Tintin, "L'oreille cassée" et "Le secret de la Licorne" en tête. Ici, Dufourquet est un jeune homme sans peur (mais pas sans reproche), un investigateur fonçant contre le danger, un marathonien de l'extrême. Il emprunte tous les moyens de transport (successivement: un train, une moto, un avion de ligne, un tracteur, un métro, il fait un temps du ski nautique, puis une voiture volée, un hélicoptère, une bicyclette, un avion, une pirogue, un bateau, et enfin un camion...), nage, court, ne s'arrête jamais pour souffler, tout ça pour repêcher son aimée (qui arrive à se faire enlever non pas une, mais deux fois!), interprétée par une Dorléac au summum de sa beauté et magnifique de charme ingénu. Mais Dieu qu'elle est casse-pieds! Mais c'est justement là que le personnage se fait si attachant, dans ses côtés agaçants (on sent l'écriture de Rappeneau). En fait, Agnès, c'est la chieuse qu'on suivrait au bout du monde, justement parce qu'elle est chieuse. On comprend donc parfaitement pourquoi le bondissant Belmondo court mille dangers pour venir à son secours. De ce point de vue là, "L'homme de Rio" est le parfait film d'aventures, oscillant génialement entre humour, action et rebondissements rocambolesques. Spielberg a beau eu essayer avec son Indiana Jones, jamais il ne retrouve la légèreté ni la grâce du film de De Broca, destiné à un public dont l'âge va de 7 à 77 ans. Vous ajoutez une photographie léchée de Edmond Séchan (certains plans sont somptueux), des dialogues savoureux de Daniel Boulanger, et la merveilleuse musique de George Delerue, c'est le cocktail idéal pour un bon moment. Et même s'il a un peu vieilli, "L'homme de Rio", de par sa gentille insouciance, reste un classique du cinéma français. Preuve en est, ses régulières diffusions à la télévision.

Mais je ne peux réduire ce film à ses simples qualités, si grandes soient-elles. Si j'aime tant "L'homme de Rio", c'est pour la véritable impression de voyage qui me prend à chaque fois que je vois ce film. La caméra, qui ne s'arrête pas de bouger, pose son regard sur Rio, son pain de sucre et son Corcovado, s'attarde le temps d'une ellipse nocturne sur la beauté du site, montre des vagabonds tantôt en train de chanter sur une plage, tantôt en train de danser sur un rythme de samba entraînant... C'est là la magie de ce film, qui en un plan et deux notes de musique, déconnecte complètement du réel, fait oublier le mauvais temps, et dépayse à travers ses images multicolores, son ambiance de grandes vacances. Et quand les personnages arrivent à Brasilia, alors en pleine construction, c'est le bonheur le plus total. Dans cette cité de granit élevée sur une couche de terre rouge d'allure martienne, De Broca trouve le terrain de jeu idéal, et filme des images qui sont devenues d'authentiques documents d'archives. L'atmosphère qui s'en dégage, à la fois irréelle, atemporelle et quasi-mystique me surprend à chaque fois. Et cette quête finale dans les endroits les plus reculés de la forêt amazonienne n'a pas fini de me faire rêver. A vrai dire, "L'homme de Rio" réveille en moi l'envie de périple, le désir d'explorer des endroits de terre vierge pour y découvrir ces merveilles dont on a tous rêvé qu'elles existaient. Je me suis d'ailleurs juré de retracer l'itinéraire effectués par les personnages du film, histoire de voir ce que tous les lieux de tournage, à jamais imprimés dans l'imagerie de mon inconscient, sont aujourd'hui devenus. Vive l'aventure.
TituszwPolsce
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le 1 sept. 2013

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TituszwPolsce

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