Dans une région du Nevada, dont la spécialité des habitants est la chasse et s’en vanter au bar, il semblerait qu’un gros calibre se balade dans le coin. Un gros tigre, avec des grosses dents. Le garde chasse va rapporter la nouvelle à Los Angeles et demande des informations au scientifique Ross Harkness. Celui-ci, pourtant incrédule, finit par croire à son histoire, ce pourrait être un tigre à dents de sabre, un gros chat éteint depuis un bout de temps pourtant. Sur place, Ross se fait héberger chez des connaissances. Le père, Professeur Cliffort Groves, est un scientifique contesté pour ses recherches, affirmant que l’homme de Néandertal était plus intelligent que nous. Hum, quel homme bien étrange…


Il y a un certain charme dans ce genre de film de science-fiction, dans la facilité avec laquelle il tente de nous faire gober tout et n’importe quoi. Nous avons donc le savant, et puisqu’on ne sait pas vraiment ce que fait un savant, il est à la fois anthropologue, chimiste et généticien, avec un peu de marabout et bien sûr le meilleur cobaye possible. Il a néanmoins un autre cobaye, dont les photographies qui en seront présentées ne jetteront pas l’effroi, mais une franche rigolade. C'est le savant fou typiquement capable de miracles, mais pas pour le scénario. De sa thèse initialement défendue, la supériorité de l’homme de Néandertal, son discours passe à l’homme actuel qui aurait gardé une part de sauvagerie, de bestialité au fond de son cerveau. L’expérience lui échappe, et c’est là son petit drame, mais sa crédibilité scientifique est d’une légèreté propre à l’époque.


S’il était malgré tout besoin de le préciser, le scénario est d’une incohérence folle, avec des trous, quand les personnages ne décident pas de se comporter avec la plus minime des logiques. Les personnages n’ont guère d’épaisseur, ils sont même parfois oubliés en cours de route, tel ce garde chasse qui pourtant passe la majeure partie des débuts avec nous. Le scientifique de Los Angeles devient aussi un enquêteur criminel, sans que cela ne gêne personne. Le sort final du professeur devenu homme néandertalien est d’ailleurs très complaisant, ses crimes lui sont pardonnés, c’est juste un pauvre fou, c’est pas grave.


Et, toujours, cet allant, le film se prend toutes les embûches possible, mais il continue, en espérant nous faire croire à ses histoires. Les faux raccords sont nombreux, la réutilisation de décors est évidente. Le costume de néandertalien n’est pas seulement de la plus grande incohérence scientifique, ce qui en soi n’est pas grave mais son indigence est frappante, c’est juste un masque de plastique avec des poils et des yeux peints. C’est un masque de Carnaval, on ne peut pas s’imaginer qu’une équipe technique ait travaillé dessus, c’est impossible. Seule la transformation est tout de même bien faite, mais très passagère.


Mais je crois que l’exemple le plus parlant, c’est le tigre à dents de sabres. Il est présenté avec des défenses énormes, comme un éléphant. Mais aucun plan qui nous est montré ne reflète ce qui était annoncé, c’est un tigre, dressé (on voit même la laisse parfois), avec ses dents de tous les jours. Et il y a bien un gros plan, où on voit des dents de sabre, mais ce n’est qu’une vulgaire peluche trafiquée. Il n’y avait pas la touche pause à l’époque, mais même sans ça, on voit bien la supercherie à l’écran.


Le film possède son petit charme, très désuet. Il est typique de beaucoup de films de cette époque, des films aux idées souvent plus fortes que les moyens. Et c’est facile de se moquer, il y a plein de scènes qui ne demandent que ça. Mais cela reste un film très modeste, pour ne pas dire un peu médiocre qui a tellement mal vieilli que c’est peut-être pour ça qu’il provoque un certain amusement.

SimplySmackkk
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le 23 janv. 2020

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