Le Roi King Hu et la Reine des Reines

Avis sur L'Hirondelle d'or

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Bien avant Brigitte Lin, Michelle Yeoh, Cecilia Cheung, Michelle Reis ou autres beautés HK, il y avait leur mère à toutes, la reine des reines, Cheng Pei Pei, qui nous enivre ici au plus haut point, par son visage d'ange éclatant d'immaculé, et forte de son regard bouleversant de puissance. "Regardez-moi bien dans les yeux", semble-t-elle dire à chaque instant. Retenez-moi, je tombe..

Yue Hua supporte la belle dans ses moments de faiblesse. Sous son air de mendiant, joyeux chanteur, dos courbé et fétiche, se cache un autre homme, droit comme la justice, une force bouddhique capable d'ouvrir une cascade d'eau par la pensée ! Tout en subtilité, il prend progressivement la place héroïque que sa sagesse l'empêchait de montrer au grand jour et permet à Cheng Pei Pei de montrer l'étendue de son talent dans des scènes où elle devient plus vulnérable.

Pour son premier et unique grand film pour la Shaw Brothers, King Hu distille un spectacle révolutionnaire à l'époque comme l'espérait le studio, et annonce le dynamisme du cinéma martial HK à venir. Mais plus que cela, il fait fi des directives et étend déjà le genre à ce qui deviendra sa patte toute personnelle, une virée progressive vers un voyage spirituel où l'intellect triomphe sur la force. Prenant le risque d'étendre les possibilités visuelles qu'offrent Cheng Pei Pei la danseuse, et choisissant un Yueh Hua débutant (avec lequel il ne sera pas en très bon terme), il montre ici combien il sait ficeler une histoire, une ambiance, un rythme, une galerie de personnages, avec une classe unique. Il suffit de voir la scène de l'auberge pour s'en convaincre, parfaite retranscription du western dans un film de sabre.

Son talent d'esthète nous offre des décors naturels ou en studio simplement superbes, une mise en scène qui respire la grande classe, une musique sublime qui ne cesse de s'emballer avec le climax qui approche, des acteurs sur-motivés enchaînant faciès et positions stylées (notamment un duo de méchants-très-méchants qui valent nombre de leurs successeurs), une ambiance électrique, et surtout des scènes de combats fulgurantes qui durent toujours beaucoup plus dans l'attente avant l'attaque que dans l'attaque elle-même, le plus souvent quelques fractions de seconde tel un éclair à la manière des Chambaras. Pourtant, ces moments de combats ultra rapides transmettent à la perfection le côté létal, l'intensité et l'efficacité du coup à son origine même gonflées par l'aura des combattants. S'en suivent des giclées de sang et des corps qui défaillent à la pelle dans des cris de douleur. On ne peut pas parler de chorégraphies comparables à ce qu'on a l'habitude de voir aujourd'hui mais il y a quelque chose d'unique dans ces combats, une authenticité qui m'a personnellement terrassé de plaisir. Une véritable aube pour un nouvel âge. Une chose est certaine, on en fait plus des comme ça !

Le tout vaut vraiment le détour ne serait-ce que pour admirer la beauté ravageuse de Cheng Pei Pei et sa présence hors du commun à l'écran. Aaaaaaaargh !

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