J'avais vu ce film à sa sortie. Je l'avais nullissime. J'avais 18 ans, je m'intéressais depuis peu au cinéma, j'étais allée le voir parce qu'il avait eu la Palme, je l'avais trouvé long, bavard, ennuyeux, pseudo-philosophique et poético-chiant.
Je me suis dis que je devais lui donner une seconde chance, après toutes ces années.
Et...
C'est un beau film.
Je comprends pourquoi je n'avais pas adhéré, et pas tellement compris lorsque j'étais plus jeune, cela dit je n'en fais pas un chef d’œuvre. Il est tout de même très mou, ce film... Et les parties poétiques sont vraiment floues, pas compréhensives. C'est un film pour initiés, ou ceux qui veulent le devenir. On sent l’œuvre qu'on ne peut comprendre dans son ensemble qu'en étudiant des tas de choses autour. On sent, irrémédiablement, que des tas de choses importantes nous échappent si on ne s'y met pas. Et c'est dommage. L'impression qu'il ne se suffit pas à lui-même.
Je lui reconnais de très beaux moments : l'histoire entre ce vieux proche de la mort, qui cherche à faire ses adieux au monde, et le petit immigré albanais qui cherche un moyen de vivre, est vraiment très belle, et très bien amenée.
Je reconnais des plans qui font vraiment frémir par leur justesse : celui de la frontière, avec les grillages auxquels des corps sont suspendus.
Mais, je trouve qu'il manque de chair, qu'il est trop dans le passage du mot, de la parole. Il manque de rythme, de tripes, de vibration.
Sûrement une question de sensibilité.
Je crois qu'Angelopoulos n'est pas un réalisateur pour moi.