Avec L’Échine du diable et pour oublier son expérience américaine sur le tournage de Mimic, del Toro se tourne vers le producteur et réalisateur Pedro Almodovar, et vers l'Espagne, afin de raconter sa première histoire de fantômes et nous projeter dans un orphelinat ayant pour décorum un pays ravagés par la guerre.
Ici le fantôme sera celui d'un enfant. Un esprit hanté et frappeur, torturé par un passé cruel.
Avec ce film poétique qui nous fera prendre parti pour ce monstre fantomatique qui s’avérera être une victime plutôt qu'un bourreau, del Toro nous conte l'histoire de ces fantômes qui hante cet orphelinat, tout autant qu'il nous raconte la guerre et ses ravages qui hante tout une communauté.
Ce symbole du "fantôme de la guerre" se transcrit visuellement par cet obus, toujours susceptible d'exploser, faisant peser le poids du conflit et de ses répercussions.
Guillermo del Toro va opposer la peur du monstre à l'horreur de la guerre et la cruauté de l'homme.
(Le réalisateur dresse ici une peinture subtile et terrible de la guerre civile espagnole, qu'il continuera de décrire dans Le Labyrinthe de Pan).
Il y a une certaine élégance dans l'écriture psychologique qui fait écho à une volonté de nous faire peur tout en restant dans la sobriété et la retenue, et cela grâce à l'ambiance:
Avec une façon de filmer fluide, des couleurs ambrées et des personnages contrastés, del Toro arrive à introduire dans l’Échine du diable une vraie dimension dramatique.
Le genre fantastique acquiert là un style parfait qui le classe au sommet du cinéma de genre. Prouesse qu'il faut saluer à sa juste valeur (5 millions de budget).
Avec ce film, Guillermo del Toro va formuler LA morale de ce que sera son cinéma :
Le monstre le plus monstrueux est humain !
Rejoignant ainsi l'idée dont parlait Stephen King :
Les monstres et les fantômes existent vraiment... Ils vivent en nous, et parfois... ils gagnent.