Sur "L'échelle", je ne suis pas convaincu par la supposée ultra angoisse et montée du personnage. C'est paradoxal car elle est à la fois le centre du film - on ne parle que de ça - mais c'est à la fois traité hyperficiellement. Je rejoins l'avis de LeCactus lorsqu'il pense que le scénario ne rejoint pas la réalisation. C'est-à-dire que c'est un fait assez rare, il y a disjointement/inadéquation entre le fond et la forme... C'est rare mais cela est déjà arrivé et l'exemple le plus marquant qui me vient à l'esprit est "Vorace". Il sera toujours plus préférable de regarder le court-métrage "La Rivière du Hibou". Aïe aïe aïe ! Ouille !

Pour exprimer encore plus clairement le défaut majeur du film sur le plan narratif cette fois, il faut avoir vu Abattoir 5 ou mieux Je t'aime, Je t'aime où le protagoniste principal se retrouve dans chaque scène à un point de sa vie. Le spectateur s'y retrouve propulsé et c'est pour lui à chaque scène une autre histoire qui commence. Seulement, notre conscience est toute humaine, elle n'est pas en mesure de s'attacher aussi vite est puissamment si le fil conducteur que représente le héros ne comprend pas lui-même ce qu'il lui arrive.
Cela manque donc de description psychique (excepté pour la scène du métro, applaudie unanimement) ou de continuité.
Il y a deux comédies que j'aime beaucoup qui justement se joue du montage et de l'absence de continuité, "Palindromes" et "Les clés de bagnole". Ces comédies jouent tellement sur les formes narratives que cela devient absurde et, que cela soit drôle, réussi ou non, on s'en fout puisque le procédé est un accomplissement en soi. Avec L'échelle de Jacob, ce n'est pas sensé être drôle. C'est sensé être dramatique.
C'est ainsi que j'ai été sommairement plongé dans une espèce d'ambivalence émotionnelle, plus sobrement appelée :
1) "Ne Se Prononce Pas" (NSPP)
2) "L'abonné n'habite pas à l'adresse indiquée" (NPAI, une formule utilisée en services postaux et en marketing)
3) "Personne ne répondant pas aux appels" (PRPA, une formule utilisée dans les services d'urgence et de sécurité)

Entourer la phrase que vous entendrez le mieux.
Et si vous l'entendez, vous en tant que lecteur, alors j'aurais réussi à faire ce que le film n'a pas réussi à proposer, c'est-à-dire à créer des liens tout simplement : lien esthétiques, narratifs, lien avec le spectateur

Le pire, dans ce film, est que le twist ne change rien à l'affaire... et quand un twist marque passablement le spectateur, il a en revanche l'air d'être un happy end au travers de la mort de son héros. Nouvelle ambivalence. Je risque l'AVC.

(petite page de publicité : http://www.youtube.com/watch?v=eoa6xsZMz_o)

Sur le fond, l'utilisation de médicaments chez les soldats-cobayes est un problème mais sacrément en décalage avec la société : le film se veut lanceur d'alerte sur un mensonge d'Etat mais me fait l'effet d'un pétard mouillé. Mais il est possible d'en discuter.

Enfin, esthétiquement, c'est plus que douteux dans le cadre, dans la narration et dans le décor.

Très tranché à propos de ce film, souvent en colère et déconnecté sans empathie particulière avec le héros, l'Echelle de Jacob apparaît comme un film partant d'une bonne intention mais qui sort de nulle part. Alors, maintenant, c'est comme en escalade : soit vous trouvez la bonne prise pour continuer à regarder le film, soit on chute à chaque scène dans un état de rupture perpétuelle.
Andy-Capet
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le 14 mars 2014

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le 14 mars 2014

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Andy Capet

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