Quand le réalisateur oublie que c'est son film ...

Ce film est adapté du roman autobiographique éponyme d'Albertine Sarrazin publié en 1965. Ce film nous raconte par son titre qu’une petite chose engendre des effets plus grands et plus étirés dans le temps, c’est un film sur « l’effet papillon ». Le scénario est bien formé et la prose y étant présente est de bonne qualité.
La mise en scène est cependant très simple, trop simple. Aucune originalité, aucune trace de la cinéaste n’est présente. Les plans sont peu pensés, peu originaux et se ressemblent trop d’une scène à l’autre.


De plus, la caméra ne nous raconte rien, la scène dans la voiture entre Reda Kateb et Leïla Bekhti en est le parfait exemple. La caméra ne bouge pas, toute notre compréhension est formée par le texte alors même que le jeu des comédiens permettrait que la réalisatrice nous place plus près d’eux.


La musique du film est classique, dans les deux sens du terme, c’est du déjà vu dans sa construction piano/violon et dans sa mise en place dans le film. Elle est présente dans les moments dramatiques, comme les zooms ou ralentis. Le noir et blanc est approprié dans ce drame, et l’usage de la pellicule est donc un plaisir pour les yeux.
Leïla Bekhti offre une prestation très bonne, elle s’est appropriée le rôle et nous prouve qu’elle maîtrise ce panel de personnage féminin dramatique.
Ce qui est gênant pour moi dans ce film est la volonté de « non-politiquement correct » tout en le restant. Les scènes dans lesquelles Albertine se prostitue sont trop présentes et « cutés » avant que l’on puisse voir. Une seule scène entière aurait amplement suffit. Le gros problème du film est dû au fait que la cinéaste n’assume pas ses choix de réalisation ou en tout cas qu’elle ne va pas au bout de ceux-ci. Je pense que la fabrication de ce film n’était pas utile car elle ne propose pas de réel choix de mise en scène, la cinéaste se contente de filmer ce qu’elle a lu. Adapter une autobiographie n’est pas une tâche simple et demande un réel effort de créativité et d’astuces pour inscrire sa pierre à l’édifice. Le cinéma d'auteur français l'oubli parfois mais le cinéma est un art propre et il est utile de se le rappeler même quand on conçoit un film adapté d'un livre bien écrit.

ZeDrunkyOtary
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le 15 avr. 2015

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ZeDrunkyOtary

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