Pour son tout premier long-métrage, le scénariste de génie Henri-Georges Clouzot s'attaque au roman "L'Assassin habite au 21" de Stanislas-André Steeman et nous gratifie d'un polar majestueux comme on n'en voyait que trop rarement en France dans les années 40. Inspirés des chefs-d'œuvre américains du genre, le long-métrage joue la carte de l'enquête policière avec un ton humoristique, voire même caustique de la société de l'époque dont laquelle Clouzot tisse un portrait acerbe...


Tourné sous l'égérie de Continental Films, maison de production nazie, L'Assassin habite au 21 est une perle du polar français qui n'a pas pris une ride... Un tueur en série, un détective malicieux, une pension soupçonnant d'habiter le meurtrier, six résidents, un coupable potentiel. L'enquête est lancée. Déguisé en pasteur, notre inspecteur Wens va tenter de percer à jour chacun des pensionnaires, découvrant petit à petit que chacun peut être à sa manière le tueur : entre l'ancien médecin militaire bourru, le prestidigitateur cleptomane, la romancière de livres policiers ou encore l'aveugle mystérieux et son infirmière chaleureuse, tous sont suspects.


Décrivant ces personnages comme de véritables caricatures, Clouzot nous envoie en pleine poire des dialogues rustres, décapants, hilarants (– J'ai viré la bonne, elle m'a traité d'enquiquineuse. – Toute vérité n'est pas bonne à dire...) et une galerie de personnages hauts en couleurs qui font vivre plus d'une heure durant tout ce remue-ménage. Mais Clouzot n'en oublie cependant pas son intrigue principale : la découverte du coupable, auteur de méfaits immondes (comme en témoigne l'effrayante scène d'introduction où le meurtre est filmé en vue subjective).


L'enquête, pleine de rebondissements et de révélations faussées, tire le spectateur par le bout du nez jusqu'au mémorable final servi sur un plateau d'argent. Quant au casting, il est de premier ordre, Pierre Fresnay en tête, suivi de près par la fabuleuse Suzy Delair (ici aussi attachante qu'énervante en épouse cantatrice capricieuse), Noël Roquevert et Pierre Larquey sans oublier le génial Jean Tissier. Ainsi, pour son premier passage derrière la caméra, Henri-Georges Clouzot démontrait déjà un savoir-faire impressionnant et un sens inouï de la narration. Du très grand cinéma français et une leçon à retenir ; indéniablement.

Créée

le 21 avr. 2019

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