Mon dieu que j’ai trouvé ce film long et ennuyeux. Et pourtant dès les 30 premières secondes je pars en fou rire, certainement le fou rire qui en dira long sur la suite.

Le film débute sur une vallée en plan d’ensemble, plutôt jolie d’ailleurs, avec LA montagne enneigée à l’horizon, lieu de toutes les péripéties (jets de cailloux du haut d’une falaise et planque dans une grotte grosso merdo) de nos héros. Les noms des acteurs défilent, la musique s’est installée et puis d’un coup d’un seul, la caméra se tourne vers une santiag - en gros zoom -cramponnée à un harnais. La musique s’emballe pour un rien sur une santiag et son éperon qui aura un rôle primordial (d’où le titre dans sa version anglaise,The Naked Spur). J’ai éclaté de rire sur ce mouvement et cette musique.

Difficile alors de prendre la chose au sérieux, mais passons.

Malgré une tentative de placer les personnages au centre de divers intérêts, par l’intermédiaire du méchant crapuleux, je n’ai pour ainsi dire pas du tout accroché, ça parle beaucoup, ça fait des feux de camps, ça se chamaille avec les indiens et ça se cache dans une grotte en temps de pluie.

Tel un serpent qui distille des informations aux deux nouveaux partenaires du chasseur de primes, pour tenter de semer la zizanie dans le groupe et s’enfuir comme lâche, le méchant reste le personnage central. Tout tourne autour de lui et de la prime qui attend le chasseur de primes et les deux comparses à leur retour au Kansas.

Mais, dès lors pourquoi garder le vil serpent en vie, sachant qu’il tente désespérément de les monter (le vieux chercheur d’or, l’ex-officier, et le chasseur de primes) les uns contre les autres. La prime dit bien 5000 dollars, mort ou vif. Surtout que ce n’est pas l’envie qui manque au chasseur de primes ou bien l’officier de le faire, avant de se refréner au dernier moment, comme si ce n’était pas encore l'instant opportun (vaut mieux attendre la fin). Ce qui aurait pu être marrant, c'est de dézinguer le serpent et de voir les trois mecs se foutre sur la gueule pour récupérer le corps et choper la prime. A la manière d'un Délivrance pourquoi pas. Enfin bon, pas assez consensuel.

Tout le long du film, on a alors droit à de la chamaillerie, un méchant qui tient à sa peau et qui fomente ses coups pendant le rituel du massage de dos, sans que personne ne l’entende "Blonde masse moi le dos, je vais te dire ce que je prépare".

Le héros qui finit comme bien souvent par flirter avec cette jolie blonde. On retrouve malheureusement les codes bien définis, trop bien définis, surtout sur la seconde partie du film où l’on voit le fil de l’histoire se délier de plus en plus tôt, pour finir sur un twist peu agréable et légèrement drôle.

L’idée de créer un trouble (au sein d’un groupe « obligé » de se suivre pour toucher une récompense sans se faire plus que ça confiance d’ailleurs) par l’intermédiaire du truand à la langue de vipère n’est pas une mauvaise idée en soi, mais il n’y a pas d’écart de conduite, il n'y a pas de déclenchement, une action qui change complétement la donne. Tout parait lisse, bien dans les clous, au lieu de créer une réelle tension angoissante.

Le tout s’effondre finalement sous les lieux communs. J’aurai bien aimé voir le film sans le personnage féminin, qui a pour rôle de rendre le héros niais et de lui faire remettre en question tous ses préjugés. Le chasseur n’est plus chasseur mais la proie de la jolie blonde aux yeux pétillants qui le changera (en bisounours) à tout jamais. Et ça c'est fort dommage.
demarreur
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le 26 janv. 2014

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