Il n’y a pas que les films et les jeux vidéos qui rendent fou. Agressé par un lecteur obsédé alors qu’il est entrain de déjeuner, John Trent se retrouve missionné par une maison d’édition de retrouver l’écrivain à succès Sutter Cane et de mettre la main sur son dernier manuscrit intitulé « L’Antre de la folie ». Convaincu qu’il s’agit d’une arnaque publicitaire visant à vendre des millions d’exemplaires, Trent accepte de retrouver le romancier en remontant la piste laissé sur la couverture de ses précédents bouquins. Ses investigations vont le mener à Hobb’s End, une ville fictive du New Hampshire figurant dans les œuvres de l’auteur, mais à mesure que l’enquêteur s’enfonce dans l’univers alternatif de ces livres, des phénomènes paranormaux et des visions d’effroi vont l’assaillir de tout part et altérer sa perception de la réalité.


Le cinéma d’horreur été depuis quelque temps déjà engoncé dans les mêmes schémas narratifs, vider de leur quiddité, comme on le verra avec la longue descente aux enfers de Freddy réduit à une simple parodie de lui-même, au point que son créateur Wes Craven s’en fera lui-même le fossoyeur dans une analyse métafictionnel du mythe et de son impact sur le réel. L’épouvante ne fait alors plus peur, et l’heure est à la remise en question pour des auteurs tel que John Carpenter, qui choisi d’aborder une fois encore l’un de ses thèmes de prédilection, soit la contamination du mal qui se diffuse dans les moindres recoins d’un environnement clos sur lui-même sans aucune forme d’échappatoire. L’Antre de la folie vient également conclure une trilogie de l’apocalypse initié en 1982 par son chef d’œuvre The Thing et poursuivi en 1987 avec son Prince des ténèbres, deux films largement influencé par les nouvelles de H.P. Lovecraft auquel il rend un vibrant hommage avec ce prédicateur du mal se faisant le prophète d’une apocalypse à venir, en proie à des monstres et chimères d’ordre indicible qui ne sont retenu que par la porte d’un temple sacré dont les gonds sont sur le point de céder.


Si l’histoire débute au sein d’un hôpital psychiatrique, ce n’est que pour mieux désorienter le spectateur pouvant s’identifier au personnage principal interprété par Sam Neil. Un esprit cynique dont la philosophie cartésienne n’est voué qu’à lever le voile sur une vaste supercherie, ce que l’on peut tout à fait assimiler à l’analyse critique d’un public cherchant obstinément à démanteler les bribes d’éléments fantastique du récit afin d’en démasquer les différents artifices. La mise en abyme consiste ainsi à nous placer dans une situation pleine d’ambiguïté et à nous interroger sur la santé mental du héros en état de déni confusionnel, ainsi que sur la vraisemblance de ce qui nous est présentés ou bien subtilement dissimulé afin d’accentuer la tension grâce à une utilisation habile du hors-champ. Tant et si bien qu’à la fin, la propagation insidieuse des forces du mal ira jusqu’à atteindre le quotidien qui nous été initialement introduit comme la réalité diégétique du long-métrage dans laquelle s’inscrit le personnage de John Trent qui réalisera être l’acteur principal du roman, ultime témoin de la fin absolue du monde devant son écran. Soit la vision affabulée d’un aliéné, ou bien la confession du dernier survivant d’un monde fou.

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le 11 avr. 2023

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