Quand John Carpenter rend un hommage appuyé au grand Howard Philip Lovecraft, “la chose” s’intitule “In the Mouth of Madness”, un titre empreint d’une folie sous-jacente à la hauteur de l'œuvre du grand écrivain de l’horreur. Rebaptisé en France, “L’Antre de la Folie” justement, “Big John” nous présente par l’intermédiaire du Docteur Wrenn (David Warner) - au milieu de ce qui s’apparente à un désastre planétaire mêlant à la fois hystérie et furie collective - John Trent (Sam Neill), un enquêteur d’assurance indépendant enfermé dans une cellule capitonnée au sein d’un obscure hôpital psychiatrique. Dans une ambiance apocalyptique, Trent va alors se confier à Wrenn en lui narrant une bien sombre histoire. Avant d’en arriver là, Trent, après une rencontre avec Jackson Harglow (Charlton Heston), le directeur des éditions Arcane, part à la recherche de Sutter Cane (Jürgen Prochnow), un écrivain aussi célèbre que mystérieux. Celui-ci aurait disparu avec les droits versés par Arcane, avant de livrer les notes manuscrites de son dernier roman. Harlow charge l’énigmatique Linda Styles (Julie Carmen) d’accompagner Trent dans son investigation. Avec un sens accru du détail et pensant avoir à faire à un coup promotionnel des éditions Arcane, Trent finit par localiser Cane dans le New Hampshire, dans la petite ville fictive - tiens, on dirait du Stephen King - de Hobb’s End. A cet instant précis, Trent ne le sait pas encore, mais ses certitudes vont se confronter à l’irrationnel, l’impensable, le bizarre et l’horrifique, dans un ballet macabre l'accompagnant jusqu’aux portes de la folie ! John Carpenter laisse le soin à son scénariste Michael De Luca (“Judge Dredd”) d'imaginer une histoire à la Lovecraft aussi bien à travers les personnages - Sutter Cane notamment aurait pu être un héros lovecraftien - mais aussi à travers les créatures et les lieux maudits qui parcours le long-métrage. Au même titre que “Prince des ténèbres", Carpenter passe à la moulinette le fanatisme religieux et les anciennes croyances. Comme Trent, le spectateur se retrouve lui aussi désorienté au fur et à mesure qu’avance le récit. Carpenter en profite pour jouer habilement avec nos nerfs, il superpose les univers fantastiques et les niveaux de lecture du film. Entre la réalité - l’investigation de Trent - et la fiction - le roman de Cane - il n’y a qu’un pas car le scénario qui se déroule devant nos yeux, n’est autre que la matérialisation des lignes manuscrites couchées sur le roman de Cane, mais il est trop tard, le piège s’est déjà refermé sur nous !