[Petite critique du fait que l'annotation de ma liste "Films vus en 2020" est trop longue pour la poster]


Les films les plus énervant sont certainement ceux réalisés avec talent mais qui sont fondamentalement détestable. Et celui-ci en est un exemple flagrant.


Le film est globalement un film policier assez classique où l'on suit un flic tête brûlé et incorruptible lutter contre la mafia chinoise de New-York. Une affaire qui le verra petit à petit le voir s'éloigner de tous (hiérarchie, famille, amis...) et qui l'entêtera tellement que cela deviendra plus une quête d'ego qu'une simple quête de justice.


L'Année du Dragon est d'autant plus frustrant qu'il a plusieurs atout : une réalisation fluide et agréable, un univers accrocheur (chinatown), un antagoniste qui a sa propre progression narrative, et une histoire classique mais suffisamment jusqu'au boutiste pour marquer.
Non vraiment tous les ingrédients étaient là pour faire un bon film et pourtant.... L'échec du film pour moi est venu en 2 temps :
Tout d'abord dans le cœur même du film, car si l'histoire de justice qui devient ego est réussie, grâce à une destruction assez forte de son personnage principale, via des disputes importantes qui viennent effondrer des aspects entiers du personnage joué par Micker Rourke, elle ne fait pas tout oublier. En effet, pour ce faire Rourke campe un personnage particulièrement abominable : toxique avec ses proches, adepte de la culture du viol, raciste, calculateur, egocentrique, bref un personnage tout simplement inhumain et qui se pose en bonne position dans les pires raclures du cinéma. Et si plusieurs aspects du personnage servent clairement à sa future destruction, certaines sont clairement filmé avec complaisance, à un point où ces défauts ne touchent plus que le personnage de Rourke mais le film lui-même : par exemple le racisme ne sera jamais remis en cause, son forcing envers la journaliste non plus. Pareillement son utilisation prétexte de la mort de certains de ses proches pour s'ériger en martyre ne sera que très peu remis en cause. Ce qui donne un peu l'impression que si le film prend clairement du recul sur ce genre de personnage "à la Dirty Harry", il n'hésite pas non plus à en utiliser qlq type d'iconisation pour le rendre quand même un peu "cool" au fond.
Cet état de fait est particulièrement surligné par le second temps : cette scène finale qui est particulièrement catastrophique et vient totalement démolir les quelques réussites du film : car en effet s'il y a une destruction assez implacable de Rourke de prime abord, ce n'est que pour mieux le réhabiliter dans sa toute fin. Notamment via des personnages qui avait offert l’un des états de fait les plus accablant sur le personnage, en mettant en avant que son aspect incorruptible et intègre n’était au final qu’un moyen de satisfaire son égo surdimensionné, dans des proportions narcissiques pathologiques. Une critique dure et centrale du personnage, et alors qu’absolument rien ne vient contester cet aspect du personnage (ni par une meilleure compréhension de sa psyché, ni par un accomplissement de Rourke venant attester d’une progression de celui-ci), ledit personnage décide de le pardonner sans véritable raison, offrant une happy-ending absurde et allant à l’encontre de ce que laissait transparaitre 95 % du reste du film. Je ne connais pas les conditions de production de ce projet, mais cette fin semble tellement gratuite, contre-productive sur le message du film, et déplacé, que cela ne m’étonnerait absolument pas qu’elle fut imposée par un producteur.


Bref, L’année du Dragon était ma première rencontre avec le cinéma de Michael Cimino, et si formellement j’ai trouvé le film réussi et prometteur pour le reste de sa carrière, j’ai bien plus de mal sur ce que le film raconte. Faire une sorte de Hard-Boiled Cop, c’est intéressant, mais si c’est pour lui donner raison à la fin, cela devient d’un coup un peu plus compliqué…

Houblon-Warrior
3
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le 29 oct. 2020

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Houblon-Warrior

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