Ça tangue frère !

Millésimé 1985, "Year Of The Dragon" a été tourné lors de l'année du Buffle. Chacun des signes de l'astrologie se succédant tous les 12 ans, cette année 2013 justement placée sous le Dragon est la période adéquate pour admirer cette œuvre de Michael Cimino, couronnée du César du meilleur film étranger.

Le métrage est basé sur un scénar co-écrit à 4 mains par le réalisateur maudit et un besogneux Oliver Stone, œuvrant pour le producteur De Laurentis afin d'obtenir des fonds pour financer "Platoon".

Mickey Rourke, 33 ans (né en 1952, année du Dragon !), au sommet de sa gloire, une belle gueule encore épargnée par les difficiles années à venir est renversant de charisme, faisant preuve d'un investissement total dans son rôle de flic incorruptible de souche polonaise (origine déjà utilisée dans "Deer Hunter").
Il incarne Stanislas Wizynski muté en Stanley White par soucis d'intégration. Ce blondinet-grisonnant, Vietvet, intransigeant, insolent et agressif est déchiré par son couple en pleine dissolution.
Ce flic le plus décoré de la NYPD est fraîchement débarqué des Stup' pour prendre ses nouvelles fonctions en plein cœur de Chinatown, semblable à celui du XIIIème arrondissement de Paris coincé entre l'avenue d'Ivry, de Choisy et du boulevard Massena.
Le Capitaine Stanley White entend imposer sa loi aux noiches malgré celle qui régit les triades depuis un millénaire.

Face à White, Joey Tai (John Lone) s'impose face à la horde de ses aïeux pour diriger et étendre d'une main de fer le business de la came, n'hésitant pas à empiéter sur Little Italy en rackettant sans scrupule les ritals jusqu'à abattre froidement les plus récalcitrants.
White s'entiche de Tracy Tzu (Ariane Koizumi), reporter "japanoise", traqueuse de scoop plus ou moins déontologiques qu'il utilisera pour mener à bien sa croisade.

Hormis un Rourke admirable, John Lone est parfait en enfoiré froid et classieux contrairement à Ariane Koizumi qui peine en justesse face au rayonnement de Rourke.

Pendant 130mn, sous une photographie lumineuse, Cimino nous régale de longs plans séquences savoureux, d'un rythme nerveux et violent, de séquences épiques (la fusillade dans le resto, le voyage de Tai en Thaïlande, l'agression au domicile de White...).