Dans les années 90, la police parisienne a dû faire face à un tueur en série en activité dans l'Est de la capitale et dans la décennie suivante à son procès. À partir de ces événements, Fréderic Tellier réalise son troisième long métrage intitulé L'affaire SK1.

Plutôt que d'opter pour une évolution chronologique de l'ensemble des événements, le réalisateur préfère mettre en parallèle la traque et le procès. Un procédé déconcertant au départ, mais qui, une fois le récit lancé, se révèle extrêmement judicieux. En effet, sans être un choix original, cette évolution narrative permet dans un premier temps de faire connaissance des policiers d'un côté et du présumé coupable, ainsi que ses défenseurs, d'un autre. Une fois les bases posées, ces voyages temporels permettent de mettre dos à dos les avancées difficiles de l'enquête et un procès laissant supposé la présence d'un bouc émissaire a la barre faute de mieux. Cela permet ainsi de semer le doute concernant la culpabilité de l'accusé et nous force ainsi à suivre l'ensemble de l'enquête afin de vérifier si tout s'est déroulé légalement.

Bien que l'affaire soit pour le moins sordide, le réalisateur réussit à ne pas tomber dans le voyeurisme notamment en refusant de montrer les meurtres. Ici, ce qui importe, c'est l'aspect procédural et judiciaire de l'enquête. Après une faste période où le torture porn contamina le genre policier (WAZ, Anamorph...), il est agréable de retrouver des œuvres délaissant l'aspect spectaculaire pour créer un univers plus réaliste. Pour autant cela n'est pas sans conséquence, le risque est de se trouver avec un manque de rythme et une intrigue manquant de consistance pour créer de l'intérêt. Fort heureusement, l'auteur en a conscience et réussis à trouver des solutions face à ses dangers. Il y a donc l'évolution narrative de l'histoire décrite précédemment, mais l'autre élément intéressant est sa volonté d'étoffé au maximum ses personnages pour les rendre crédibles. Sur ce point, Fréderic Tellier privilégie les moments de vie au sein du 36 plutôt que ceux dans la vie privée des protagonistes. Un choix payant car on évite l'éternelle confrontation mari/femme sur le délaissement de la vie familiale au profit du travail. Le fait d'axer l'ensemble de l'histoire sur l'enquête évite des ruptures de rythme et ainsi de s'éloigner du principal.

Coté mise en scène, l'auteur opte pour un rythme plutôt lent en adéquation avec l'avancée de l'enquête. Étant donné que celle-ci s'écoule sur plusieurs années, il est forcement nécessaire de faire des ellipses afin de conserver les moments les plus forts. Outre des acteurs rôdés à l'exercice tels que Nathalie Baye, Olivier Gourmet, Michel Vuillermoz ou encore Thierry Neuvic, deux jeunes offrent une excellente prestation : Raphael Personnaz dans le rôle de la recrue de l'équipe et Adama Niane incarnant Guy George. Un bon casting donc qui permet de rendre ce drame humain crédible et intense.
Le film réussit à rendre l'enquête passionnante sans avoir recours à des effets chocs, mais grâce a un bon casting et a une reconstitution des faits minutieuse digne d'un documentaire.

L'affaire SK1 sort le 7 janvier 2015, vous prendrez une bonne résolution en allant voir ce film !
tzamety
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le 3 déc. 2014

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