J'ai mal évalué l'intérêt potentiel de ce film pour moi, il faut savoir avouer quand on se trompe : je n'ai qu'une passion très modérée pour le système juridique américain et ses incohérences. Mais bon, Denzel Washington dans un rôle d'autiste léger ayant en stock tous les textes de loi dans ses neurones, c'était plutôt intrigant. Avant que le scénario ne m'emmène dans des tergiversations morales qui n'ont pas trouvé un écho gigantesque dans la spectatrice du Vieux Continent que je suis : je considère peut-être à tort que le droit a vocation à défendre les faibles, pas à se faire des millions sur le dos de ceux-ci, et je regarde mon pays succomber progressivement à la folie procédurière étasunienne qu'on nous agite sous le nez depuis des années avec consternation, tandis que les anglicismes pullulent désormais dans les recours devant les tribunaux et qu'on ne sait même plus comment appeler un juge pendant un procès en France sans singer les traductions des séries Netflix. En parlant de détails linguistiques, tout le début du film repose sur un détail qui se veut signifiant : le titre mystérieux d'"esquire" dont le protagoniste se targue avec une belle constance et qui n'est jamais traduit dans les sous-titres, et pour cause, vu que même les dictionnaires échouent à lui trouver un équivalent pertinent. Ben c'est dommage, vu que tout l'intérêt de cette histoire repose précisément sur le grand écart moral auquel le héros va se livrer quand il aura succombé à une certaine tentation pécuniaire. Je pourrais éventer ce suspense plutôt lourdaud, puisque je suis en train de déconseiller franchement de voir ce film abscons, mais bon, je peux concevoir qu'on ait d'autres goûts que les miens, même si je vois mal quelque français que ce soit debout sur son siège d'enthousiasme devant ce mélange indigeste de Rainman et de Wall Street (dans l'esprit)... En résumé, bof, quoi.